Appel au S.T.O. |
La Résistance | Arrestation |
Direction Mathausen. |
Evacuation. | Libération. |
En attendant, nous étions hébergés chez Monsieur Villoutreix. Comme ils n'avaient pas de chambre
à mettre à notre disposition, nous couchions dans une grange, dans le foin au-dessus de l'étable.
Le jour de la rencontre avec l'inspecteur de la SNCF étant arrivé, nous nous sommes rendus chez
Monsieur Lathieu, et là, après avoir fourni à nouveau un certain nombre de renseignements, il a
été convenu de se rencontrer à la gare des Bénédictins de Limoges.
Quelques temps après, nous nous rendons à Limoges et, à la gare, nous rencontrons Monsieur Chaillou,
chef du district des bâtiments, mais aussi, nous le saurons plus tard, responsable de Résistance
Fer et du M.U.R. de la Haute-Vienne. Une nouvelle surprise nous attend: Chaillou est le cousin
d'un de nos officiers du Bataillon, le capitaine Gentet (qui était au courant de notre départ).
C'est une nouvelle qui va arrondir les angles, car nos intentions seront confirmées par Gentet.
De ce fait, nous serons plus rapidement pris en main.
On nous affecte dans les bâtiments de la gare Monjovis, le temps d'établir de fausses cartes
d'identité, ce qui est fait au bout d'une semaine. Claude Coutanceau devient Claude Chapuis,
Pierre Verges-Pierre Dumont, Raymond Toupereau-Raymond Lestage et moi-même Henri Leblond.
Sous ces fausses identités, nous sommes embauchés dans l'entreprise Besse de Limoges, et dirigés
sur la gare de Montluçon. Là, sous les ordres d'un nommé Morand, nous travaillons sur les voies
desservant les usines Dunlop. Morand, avec notre aide, relève la destination des wagons vers
l'Allemagne. Nous y restons environ deux mois. Tout s'est bien passé, même les contrôles d'identité
par la police, même si c'est toujours avec un certain émoi que l'on présente de faux papiers ".
Après cette première période qui correspond à la prise de contact avec la Résistance, Henri Pagès
et ses camarades, pour des raisons de sécurité, doivent changer de lieu de refuge. Ils sont alors
orientés vers la Dordogne, deux mois plus tard, où de nouvelles difficultés les attendent.
" Nous nous dirigeons vers Sainte-Sabine, dans le canton de Beaumont. Le responsable du secteur, u
n boulanger, nous affecte dans différents lieux. J'aboutis dans une ferme, chez Guegen, dont le
fils est dans les camps de jeunesse. J'occupe sa chambre. Dans cette ferme assez importante, il
y a le couple de fermiers, leur fille et leurs deux domestiques. Je participe aux travaux de la
ferme ".
A la fin du mois de décembre, Henri Pagès reçoit la visite des gendarmes de Beaumont. En réalité,
ces derniers servent plutôt la cause de la Résistance. Leur initiative consiste donc, après la
dénonciation dont Pagès fait l'objet, à le prévenir du danger qu'il court, avant que d'autres
autorités d'occupation ne se chargent de son cas avec moins de complaisance. Ces gendarmes,
explique Pagès, ont reçu l'ordre de m'interpeller. Ils sont résistants, et
membres du mouvement Combat. Ils seront d'ailleurs par la suite attaqués par la Gestapo. Au cours
de l'attaque, il y aura des blessés, et ils seront déportés. Seul le brigadier Lacroix reviendra
des camps"
A la suite de cette première alerte, Henri Pagès doit de nouveau changer de refuge. Il rejoint
ainsi Naussanes, commune située dans le même canton:
"je suis hébergé au lieu dit Le Pic, chez les Larnaudie. C'est une ferme moins importante. Le
fermier a recueilli une jeune femme soi-disant de Sainte-Foy-la-Grande. Il y a aussi sa propre
femme, et sa petite fille à qui je fais l'école, ainsi que les grands-parents et un domestique.
La vie n'y est pas désagréable. Je couche dans l'étable. C'est l'endroit où j'ai appris à lier
les bœufs.
Puis une nouvelle alerte survient. Les gendarmes de Beaumont me préviennent. De nouvelles instructions
me sont données. Je dois rejoindre Sainte-Sabine le 23 février. Là, un agent de liaison m'attend
en compagnie d'un garçon, René Couche, qui doit faire partie de l'expédition. L'agent de liaison
"Tonton Pierre" nous demande de nous trouver à douze heures à l'entrée de Montpazier. Avec Couche,
nous prenons la route avec notre sac sur le dos.
Nous parcourons les quatorze kilomètres qui nous séparent de Montpazier où nous arrivons vers
midi. Nous retrouvons Tonton Pierre et nous déjeunons chez un menuisier. Pour la première fois
de ma vie, je goûte au chevreuil. Après le repas, nous partons vers Belvès, qui se trouve à environ
quinze kilomètres. Nous prenons la route, toujours méfiants, nous cachant derrière une haie au
moindre bruit de moteur. En effet, dans la région, rôdent des miliciens et des G.M.R.. Nous
arrivons à Belvès à la nuit.
Dans la pénombre, nous apercevons notre agent de liaison, qui nous accompagne dans une maison
située à côté de l'église. Nous y sommes hébergés et nous couchons dans une chambre située dans
une cave. De temps en temps, nous entendons sonner l'horloge de l'église. Puis, le matin de bonne
heure, tous les trois nous dirigeons vers Périgueux. Une fois que nous y sommes arrivés, nous
prenons la direction de Limoges, et devons descendre en cours de route en théorie. Mais à Agonac,
notre train est arrêté.
En effet, dans le courant de la nuit, le maquis a fait sauter un train allemand. Un transfert
doit se faire au-delà de la gare de Ligueux. Nous tenons donc un petit conseil de guerre. Devons-
nous arrêter notre voyage en train ici et continuer à pied ou allons-nous rejoindre comme prévu
la gare de Négrondes ? C'est cette dernière solution qui est retenue.
Comme les autres voyageurs, nous longeons le train qui a sauté. C'est un train à moitié sanitaire,
à moitié chargé de matériel allemand. Le travail a été bien effectué, car le train est pratiquement
détruit.