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Mémoire d'un réfractaire.
Souvenirs d'Henri Pagés
"Etude d'un groupe de réfractaires", mémoire de maîtrise 1998-1999
de Christophe Varagnac.

Appel
au S.T.O.
La Résistance Arrestation Direction
Mathausen.
Evacuation. Libération.

Le monde de la Résistance, aussi hermétique qu'il pouvait l'être, offrait quelques possiblités d'accés aux volontaires du monde extérieur qui souhaitait le rejoindre. Pas de bureau d'engagement ouvert mais, le plus souvent, la cooptation amicale, parfois, le hasard, souvent la pression du moment. C'est ainsi que la loi de Vichy, du 16 février 1943, instaurant le Service du Travail Obligatoire, motiva nombre de jeunes gens à prendre le clef des bois. La plupart de ces réfractaires se retrouva dans la clandestinité, parfois dans le maquis. Henri Pagés, membre de l'association des "Maquisards er Réfractaires", dont il fut le Président du Comité départemental, connut un parcours correspondant à ce type de résistant. Trajectoire modèle le conduisant de la clandestinté à l'univers concentrationnaire. Une route pavée de haine et de douleurs; un calvaire que l'on ne peut ignorer. Laissons la place au narrateur.

" 1943 a été pour moi une année à marquer d'une pierre. En effet, c'est celle de mes vingt ans, mais aussi celle de la loi de Vichy instaurant le S. T .0. Je servais à cette époque au Bataillon des Sapeurs Pompiers. J'ai donc vu partir un certain nombre de mes copains vers les usines allemandes. Mon tour est arrivé au mois de septembre. Mais avec trois de mes amis, Pierre Verges, Claude Coutanceau et Raymond Toupereau, nous avons décidé de ne pas apporter notre aide à l'armement allemand.

Avec l'insouciance de la jeunesse, nous sommes partis en direction de Nexon, en Haute-Vienne, où nous devions rencontrer Monsieur Villoutreix, le père d'un copain pompier. Celui-ci devait nous mettre en rapport avec la Résistance. Nous avons donc demandé une permission, et en uniforme, avons passé la ligne de démarcation. La mère de Claude Coutanceau a porté nos bagages et, quant à nous, avec nos Ausweis (ils nous avaient été attribués en tant que pompiers), nous avons passé la frontière sans problème.

Arrivés à Nexon, nous nous sommes rendus chez Monsieur Villoutreix. Là, une surprise nous attendait: ce dernier n'avait aucun contact avec la Résistance. Il y avait bien des maquis dans la région, mais on ne savait pas où ils se trouvaient. En plus de cela, la région grouillait de G.M.R. et de gendarmes, car à Nexon se trouvait un camp d'internement.

Enfin, après une semaine de recherches et avec l'aide d'un restaurateur, Monsieur Lathieu, dont le fils sera plus tard abattu par les Allemands, nous sommes rentrés en relation avec un inspecteur de la SNCF, dont nous n'avons d'ailleurs jamais connu le nom. Ce dernier nous a posé un tas de questions, et nous a fixé un rendez-vous quelques jours plus tard.