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LA DEPORTATION DE MON ARRIERE GRAND PERE
Souvenirs recueillis par Marjorie Manciet

Présentation. Le départ Sachsenhausen Le Travail L'avance russe Le retour

Enfin, le matin du 1er Mai, nous sommes arrivés à destination, en gare de Sachsenhausen où le débarquement s'opéra par l'emploi par les SS des moyens les plus rapides: coup de pieds, coup de poings, etc. Je pensais à retrouver mes chaussures et à me faufiler au milieu de la colonne, ce qui m'évita les coups. Il n'en fut pas de même des traînards et des vieillards, car il y avait des hommes d'au moins 60 ans. Les malheureux furent battus lorsqu'ils ne pouvaient pas suivre et relevés à coups de bottes et de crosses; la plupart en resteront infirmes pour le restant de leur vie. Nous sommes arrivés au bagne allemand, nommé le camp de la Mort, camp installé par Himmler, Chef de la Gestapo. Nous pénétrons dans une enceinte formée en rond et entourée de barbelés électrifiés. On fit l'appel qui dura toute la matinée, sous une température glaciale. L'après-midi commença notre véritable calvaire.

Ils commencèrent par nous faire déshabiller complètement, nous rasèrent, puis à la douche; ensuite, on nous donna le costume rayé, exactement comme les bagnards, avec aussi une chemise rayée et des sabots de bois (ils étaient trois fois trop grands pour moi). On ne reconnaissait plus personne en sortant des douches. Le tout était accompagné de coups de matraques. Nous fumes ensuite mis en colonnes par cinq et dirigés sur le bloc où nous sommes restés en quarantaine; la moindre bêtise, soit parler trop haut, avoir mal fait son lit, ne pas se trouver exactement en rang était punis de coups de gourdin, ou bien alors, tout le monde était mis dans la cour et il fallait rester accroupis pendant une heure ou deux. Le réveil était à quatre heures trente et sitôt levés, la toilette et ensuite manger une soupe ou bien boire le café. Il fallait après se mettre en rang dans la cour et là, pendant au moins 2 heures il y avait l'appel. C'était interminable.

L'appel fini, on faisait l' exercice de 10 à 11 heures et il fallait après se mettre en colonne pour manger une malheureuse gamelle de soupe. Sitôt fini, on recommençait comme le matin jusqu'à 5 heures du soir où l'appel nous faisait encore stationner pendant une heure ou deux; puis, souvent, revue des poux. On passait tout nu devant un homme qui, une lampe électrique d'une main, une pince de l'autre nous regardait et s'il trouvait un bagnard avec un poux, il passait à la désinfection. Ensuite on allait se coucher et cela arrivait 3 jours sur 7. Quelquefois, on était réveillé a 1 heure du matin pour aller aux douches et à la désinfection et le lendemain la même vie recommençait.