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Enfin, le matin du 1er Mai,
nous sommes arrivés à destination, en gare de Sachsenhausen où le débarquement s'opéra par l'emploi
par les SS des moyens les plus rapides: coup de pieds, coup de poings, etc. Je pensais à retrouver
mes chaussures et à me faufiler au milieu de la colonne, ce qui m'évita les coups. Il n'en fut pas
de même des traînards et des vieillards, car il y avait des hommes d'au moins 60 ans. Les malheureux
furent battus lorsqu'ils ne pouvaient pas suivre et relevés à coups de bottes et de crosses; la plupart
en resteront infirmes pour le restant de leur vie. Nous sommes arrivés au bagne allemand, nommé le
camp de la Mort, camp installé par Himmler, Chef de la Gestapo. Nous pénétrons dans une enceinte formée
en rond et entourée de barbelés électrifiés. On fit l'appel qui dura toute la matinée, sous une
température glaciale. L'après-midi commença notre véritable calvaire.
Ils commencèrent par nous faire déshabiller complètement, nous rasèrent, puis à la douche; ensuite,
on nous donna le costume rayé, exactement comme les bagnards, avec aussi une chemise rayée et des
sabots de bois (ils étaient trois fois trop grands pour moi). On ne reconnaissait plus personne en
sortant des douches. Le tout était accompagné de coups de matraques. Nous fumes ensuite mis en colonnes
par cinq et dirigés sur le bloc où nous sommes restés en quarantaine; la moindre bêtise, soit parler
trop haut, avoir mal fait son lit, ne pas se trouver exactement en rang était punis de coups de gourdin,
ou bien alors, tout le monde était mis dans la cour et il fallait rester accroupis pendant une heure
ou deux. Le réveil était à quatre heures trente et sitôt levés, la toilette et ensuite manger une soupe
ou bien boire le café. Il fallait après se mettre en rang dans la cour et là, pendant au moins 2 heures
il y avait l'appel. C'était interminable.
L'appel fini, on faisait l' exercice de 10 à 11 heures et il fallait après se mettre en colonne pour manger
une malheureuse gamelle de soupe. Sitôt fini, on recommençait comme le matin jusqu'à 5 heures du soir
où l'appel nous faisait encore stationner pendant une heure ou deux; puis, souvent, revue des poux.
On passait tout nu devant un homme qui, une lampe électrique d'une main, une pince de l'autre nous
regardait et s'il trouvait un bagnard avec un poux, il passait à la désinfection. Ensuite on allait
se coucher et cela arrivait 3 jours sur 7. Quelquefois, on était réveillé a 1 heure du matin pour
aller aux douches et à la désinfection et le lendemain la même vie recommençait.