Syndicats en Gironde. |
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Syndicats en France |
En Gironde, comme partout en France,
le contrôle du pouvoir se fit plus pressant à partir du 30 novembre 1938, date de la grève lancée
par la C.G.T pour protester contre les mesures économiques gouvernementales. Partout, cette grève
fut un échec; elle ne fut que peu suivie et par des syndicalistes proche du parti communiste.
Des mesures furent prises à l'encontre de ces participants, souvent des fonctionnaires; radiations,
déplacements...
Nous savons que le pacte germano-soviétique provoqua de sérieux remous au sein de la C.G.T, dés le
3 août 1939. La tendance proche du parti communiste se retrouva soumise aux poursuites, aux
enquêtes,
aux arrestations. Syndicalistes et politiques se trouvaient dans le maelström.
Le 3 juin 1940, le préfet de la Gironde précisait, par circulaire, "je vous ai rappelé que c'était
pour vous un devoir absolu d'agir sans délai et avec la plus grande fermeté...".
Le 23 juin 1940, les Allemands entraient dans Bordeaux.
Le processus se met en place. Des directives sont émises pour réglementer le logement des troupes,
interdire la diffusion des tracts, les manifestations... Le 14 juillet n'est pas loin.
Le 13 juillet suivant, les préfets obtenaient autorité à prononcer des internements administratifs.
Les 1er et 2 août, le commissaire Poinsot, commissaire spécial, rencontre, entre autres
le capitaine Hortman, représentant de la Kommandantur, afin de déclencher "une action répressive
coordonnée au niveau des services de police respectifs". Le commissaire Poinsot s'empressait d'ajouter
qu'il "était en mesure éventuellement de fournir des indications utiles sur les principaux militants"
(lettre du 03/08/1940 au préfet de la Gironde).
Accord était donné pour qu'un rapport détaillé soit fourni mensuellement à la direction de la Gestapo
à Bordeaux ainsi qu'au capitaine Hagen. Cela ne semblant pas suffisant, le commandant Wagner donnait
l'ordre au préfet de lui remettre "à l'ouverture de chaque procédure un rapport en 4 exemplaires
pour chaque cas".
Voila donc répartis perquisitions, arrestations, internement. Le fichier des Renseignements généraux
est là, prêt à servir.
Très rapidement, on prépara un centre de séjour surveillé à Bacalan, puis vint celui de Mérignac.
Chaque sous-préfet, chaque commissaire de police fut sollicité pour dresser une fiche
individuelle sur tout individu soupçonné dangereux; les fichiers préalablement existant ayant
disparus dans la débâcle. Début septembre 1941, 2.200 fiches étaient proposées à la Gestapo.
Dans le secret de son cabinet, le préfet Pierre-Alype dresse pour la Feldkommandantur une liste de
50 personnes qu'il pense capables de participer à des actions clandestines. (rapport du 13 septembre
1940). Pourquoi faut-il que, le 11 octobre suivant, ce même préfet fasse parvenir aux mêmes occupants
un exemplaire d'une affiche posée dans la nuit en insistant sur le fait que celle-ci
"contenait
des attaques directes et indirectes à l'égard de l'Allemagne et du Chancelier Hitler"?
On peut s'étonner des conclusions que le préfet présentait à l'occupant. Ainsi, précise-t-il:
"si des mesures ne sont pas prises immédiatement, cette propagande ne pourra que s'amplifier et
des désordres s'en suivront. L'arrestation de toutes les personnes convaincues de se livrer à cette
propagande devient une nécessité... Je vous serais reconnaissant de vouloir bien m'autoriser à
procéder à des arrestations... dans mon département...".
Tout était prêt. La grande opération était lancée. Le 22 novembre 1940, il était procédé à 150
perquisitions et 148 arrestations en suivirent; ainsi se constituait une masse
d'otages propre à répondre aux exigences de l'occupant. Les fusillades de Souge allaient pouvoir
commencer.
Victimes des premières arrestations. | ||
Arrêté le: | Nom: | Fusillé le: |
24/08/1940 | Karp Israël | 27/08/1940 |
25/08/1940 | Trabis Michel | 24/10/1941 |
24/10/1940 | Allo Roger | |
26/10/1940 | Balloux René | |
Mourgues Pierre | 05/12/1940 | |
Vilain Pierre | 24/10/1941 | |
22/11/1940 | Bonnardel Jean | |
Bret Robert Louis | ||
Brunet Joseph | ||
Delrieu Henri | ||
Desbats François | ||
Ellias Louis | ||
Gayral Armand | ||
Maumey Camille | ||
Mondaut Louis | ||
Nancel-Pénard Charles | ||
Puyoou Laurent | ||
24/11/1940 | Labrousse Fernand | |
10/12/1940 | Lejard Roger | |
Rochemont Gustave | ||
11/12/1940 | Méry Richard | |
14/12/1940 | Granet Lucien | |
Charlionnet Charles |
La présence des troupes allemandes, les pressions exercées sur la population, la honte de la
défaite, tout cela incite à la Résistance. Tout d'abord isolée et de façon spontanée, elle va peu
à peu s'organiser et s'infiltrer dans des structures déjà existantes. Les syndicats, habitués à la
lutte, vont s'offrir au combat clandestin. Une part, à tendance socialiste, va se glisser dans
Libération-Nord; les communistes, et plus précisément à la déclaration de guerre germano soviétique,
vont rejoindre l'Organisation spéciale qui, par la suite formera les F.T.P.
La répression sera implacable. La police allemande, très organisée, bénéficiera de l'aide d'une
certaine police française, milice ou autre, comme elle sera tirer parti de la jalousie, de la
méchanceté débouchant sur la délation. Arrestations, interrogatoires musclés et prolongés, nombreux
furent ceux qui tombèrent, au camp de Souge, devant le peloton d'exécution.