Résistance en France.
Les syndicats
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Histoire des années 40 - Robert Aron.
Résistance sacrifiée - Alya Aglan.
Centenaire de la C.G.T. - Aperçus de l'histoire du syndicalisme - Institut C.G.T. d'histoire sociale d'Aquitaine.


A la déclaration de guerre, en 1939, le monde syndical ne pouvait qu'enregistre la fuite de ses effectifs. Rien de nouveau; le déclin était amorcé depuis le début de l'année 1938.

Malgré ces difficultés, la C.G.T. réussissait à maintenir au sein de ses structures deux entités aux sensibilités antagonistes. D'une part, une majorité proche du parti communiste, d'autre part, une minorité représentant la tendance "Syndicats" et groupée autour de René Belin.

La signature du pacte germano-soviétique, le 23 août 1939, déclencha de sérieuses perturbations dans le monde politique et dans la vie syndicale. Ne vit-on pas, le 2 septembre, les représentants communistes voter 70 milliards de crédits supplémentaires pour faire face aux obligations de la situation internationale après que, la veille, on ait pu prendre connaissance d'une résolution déposée par Maurice Thorez et dont on peut extraire le texte suivant:

Le groupe parlementaire communiste s'est réuni le 1er septembre, à la Chambre des députés, sous la présidence de Maurice Thorez. Il a proclamé, unanimement, la résolution inébranlable de tous les communistes, de se placer au premier rang de la résistance à l'agression du fascisme hitlérien, pour la défense des libertés, de l'indépendance nationale, des principes de la démocratie et de la civilisation. Il a adressé un salut fraternel à tous les travailleurs rappelés sous les drapeaux, ainsi qu'à ceux de ses membres, qui, très nombreux, sont mobilisés pour la défense armée du pays, de son honneur et de sa liberté. Face à l'insolente agression du fascisme hitlérien, dont ils furent et restent les adversaires clairvoyants et résolus, les communistes seront les meilleurs défenseurs de la démocratie et de l'indépendance du pays."  (Maurice Thorez - vie secrète, vie publique, Philippe Robrieux.

Un profond désarroi semble régner au sein du parti ainsi que dans les rangs des syndicalistes engagés à leur côté.

La commission administrative de la C.G.T., réunie le 15 septembre, condamne le pacte germano-soviétique, par 24 voix pour, 5 contre, et 2 abstentions.

Le 17 septembre 1939, les troupes soviétiques envahissent la Pologne. Par ailleurs, les directives données aux communistes sont là. Un virage à 180° est ordonné. La ligne nationale et anti hitlérienne est rejetée. La pratique du défaitisme révolutionnaire est recommandée.

Il est alors demandé à chacun des adhérents de la C.G.T. de désavouer le pacte germano-soviétique. Seront exclus du syndicat tous ceux qui refuseront d'accepter cette formalité. Le parti communiste est mis hors la loi le 26 septembre. Auparavant, le 27 août 1939, les journaux du parti auront été suspendus.

La France se trouve engagée dans la drôle de guerre; la guerre contre le nazisme, aujourd'hui, allié au bolchevisme. Les syndicalistes communistes son entraînés dans le conflit. Du jour au lendemain, sans aucun préalable, ils doivent renier toutes les idées qui, jusqu alors, les opposaient au national- socialisme. Cette alliance, pour beaucoup, dût être difficile à accepter. La tragédie qui allait se dérouler apporterait la démonstration de leur courage et de leur patriotisme. Nombreux furent ceux qui, fusillés au petit jour, tombèrent en chantant la "Marseillaise", hors de toutes consignes partisanes. Combien de ceux-là sont morts au cri de "Vive la France"...

Malheureusement, dans l'immédiat, ils se retrouveront dans une clandestinité souvent hostile à l'effort de guerre. Ils assureront la distribution de tracts, de pamphlets et de brochures. Tous ces documents attaquent le gouvernement français, justifient le pacte Germano-Soviétique et appellent au sabotage de la production nationale.

Voici un exemple retrouvé:
" par tous les moyens appropriés, en mettant en oeuvre toutes vos ressources d'intelligence et toutes vos connaissances techniques, empêchez, retardez, rendez inutilisables les fabrications de guerre, contrecarrez l'action des gouvernements français, qui aident les fascistes finlandais et se préparent dans le Proche-Orient à attaquer l'U.R.S.S parce qu'elle est la patrie du socialisme".

Le cas de conscience posé est flagrant et, si les consignes données ne sont suivies que partiellement, il faut toutefois constater des sabotages, chez Renault, dans la fabrication de tanks, ainsi que chez Brandt, autre usine fournissant l'armée. Cette ambiguïté se poursuivra jusqu'au début des hostilités entre l'Allemagne et l'U.R.S.S. où leur position sera enfin clarifiée.

Pendant ce temps, les cégétistes socialisants restés en place soutiennent les efforts du ministre de l'armement, Raoul Dautry. Trois d'entre eux sont attachés au cabinet technique du ministre. Il s'agit de Hyacinthe Dubreuil, Henri Sirolle et Raymond Froideval qui, au sein d'une commission permanente du problème de la main d'œuvre, siègent au côté de René Belin, lui-même appelé par Vichy au ministère du travail, le 15 juillet 1940; dernière touche apportée au désordre régnant dans le monde syndical.

La C.G.T. officielle tente alors de s'adapter au régime en place.

Le 30 juillet 1940, le Comité Confédéral National restreint, réuni à Toulouse, veut conformer sa charte constitutive aux tendances du nouveau régime. L'utilisation de la grève est remplacée par la conciliation et l'arbitrage. Il n'est plus question de poursuivre la lutte des classes, mais, on envisage, dés lors, de défendre les droits du travail, les droits de la famille ainsi que ceux de la nation. Il semble que nul n'ait souhaité utiliser la formule "Travail, Famille, Patrie" lancée par le maréchal et pourtant si proche.

Le 26 août, les dirigeants de la C.G.T. et de la C.F.T.C. se rencontrent secrètement à Sète. Première réunion qui ouvre une suite de discussions en vue d'un rapprochement au sein d'un Comité d'Études Économiques et syndicales, constitué officiellement et toléré par la force occupante.

La mise au pas du monde politique et syndical se poursuit. Après la dissolution de toutes les organisations communistes, vint l'arrestation de Léon Jouhaux, le 2 octobre, puis la suppression, des syndicats de fonctionnaires, le 15 octobre et, enfin, la dissolution de tous les groupes syndicaux patronaux et ouvriers, le 9 novembre 1940, soient:


Comité central des Houillères.
Comité des Forges.
Confédération général
e du Patronat français.
Confédération générale du travail.
Confédération nationale des Travailleurs Chrétiens.
Confédération des Syndicats professionnels.


Seules, toutefois, les confédérations sont dissoutes. Les fédérations, unions départementales et syndicats locaux ne sont pas concernés. Il leur faudra revoir leurs statuts et faire disparaître toute référence à la lutte des classes, si cela n'est déjà fait.

15 novembre 1940: le manifeste des douze va conduire à la création du mouvement "Libération-Nord". Le gouvernement de Vichy, profitant de la désorganisation du monde des salariés, voulu concrétiser  son désir de réaliser le jumelage "Capital-Travail". Le ministre Belin met en place, le 24 novembre 1940, une commission chargée d'organiser la "Charte du Travail".

La tache se révèlera ardue. Il fallait, en effet, remettre en cause tout l'acquis culturel et social du monde ouvrier à qui on voulait faire accepter le principe d'un syndicat unique, le remplacement des bourses du travail par des "maisons de professions" ouvertes conjointement aux ouvriers et aux patrons. Enfin, les vingt branches de professions seraient remplacées par huit familles professionnelles.

Il faudra attendre le 26 octobre 1941, pour trouver, dans le "Journal officiel" du jour, la teneur du document qui aura attendu une année complète avant de voir le jour. C'est un échec total. Malgré les moyens en présence, la Charte ne sera jamais mise en place, refusée par le monde ouvrier.

Les organisations syndicales poursuivent légalement leur parcours, offrant à de nombreux résistants la couverture de ses structures. Il en est de même des comités sociaux organisés par le patronat.



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