La Résistance en Gironde.

Résistance spontanée.

La Résistance en Gironde.

Manifestation
à David-Johnston
Manifestation
de mille bordelais
Police pas
à la hauteur
Stationnements
interdits
Récidive 14 juillet 1943 Refus
de
l'armistice.


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A l'origine de ce grand mouvement que fut la Résistance il n'y eut qu'une multitudes de réactions, le plus souvent incontrôlées. Refus de la défaite, de l'armistice. La rage de se retrouver sous la botte nazie, la perte des libertés les plus simples, la morgue du vainqueur que plus rien ne retient, la sensation de ne plus être chez soi, la honte de la collaboration.


Extraits du bulletin n°12 de R.U. mai 1990
Michel Bergés, maître de conférence à l'I.U.T- B de Bordeaux


Avant d'évoquer brièvement la Résistance gaulliste organisée qu'a connue Bordeaux de juin 1940 à 1944, il nous paraît important de signaler l'existence, dès le mois de juin 1940 d'une résistance spontanée anonyme, l'état d'esprit de l'opinion, plus ou moins en liaison avec les résistants politiques et militaires organisés sous l'impulsion progressive de la Radio gaulliste de Londres mais comme on va le voir ces actes multiformes de refus firent l'objet d'une vigilance répressive de tout instant de la part des forces vichyssoises et allemandes, pouvant aller parfois jusqu'à la peine de mort.

Le ton de la répression qui ne laisse aucune ambiguïté sur la nature du régime de fait de Vichy fut donné par une circulaire du Préfet de la Gironde, transmise le 27 juillet 1940 aux sous-Préfets de la Gironde, aux Maires et aux services policiers du département, qui précisait: "Des affiches apposées par l'autorité Militaire allemande ont été lacérées, maculées ou revêtues d'inscriptions." "Aux termes de l'ordonnance du 20 juin 1940 de M. le Gouverneur Militaire Allemand pour les territoires français occupés, sera considéré comme acte de sabotage tout endommagement ou détournement de produits récoltés, de provisions de guerre, d'installations de tous genres, ainsi que l'endommagement d'affiches de l'Autorité occupante."

"Je vous prie, chacun en ce qui me concerne, de donner les ordres les plus sévères pour la recherche des auteurs de ces actes et pour qu'une surveillance soit organisée pour en éviter le retour."

Autre exemple significatif qui montre que, contrairement à ce qu'affirment les tenants du mythe politique des "40 millions de pétainistes" (Henri Amouroux en tête), l'opinion de la zone occupée refusa très vite la soumission à l'occupant recherchée "courtoisement" par Vichy en respect des conventions d'armistice: le rapport du 28 août 1940 du commissaire central au préfet, convoqué à la "staltkommandantur" de Bordeaux ainsi rédigé: "J'ai été reçu par M. le général Von Faber du Faur, entouré des officiers de son état-major, qui m'a fait connaître:"
"1°) qu'il avait constaté, depuis quelques jours, que la population bordelaise n'était pas assez respectueuse à l'égard des troupes d'occupation."
"2°) qu'il avait également remarqué lui-même que les marques extérieures de respect étaient insuffisamment observées par certains gardiens de la Paix."
"3°) que la population avait une attitude par trop désinvolte à l'égard des officiers, non seulement elle ne s'effaçait pas à leur passage, mais elle n'hésitait pas à les côtoyer." "Il demande aux autorités françaises de faire l'éducation de la population, dans son intérêt, car il juge que la limite des tolérances est dépassée."

On peut apprécier là, le degré d'autonomie effective de "l'Autorité" vichyssoise. Le lendemain, 29 août 1940, le préfet faisait savoir au commandant Allemand de la place de Bordeaux, Von Faber du Four, que les consignes nécessaires avaient été données à la population, notamment un communiqué rappelant que toute lacération d'affiches apposées sur ordre était assimilée à un acte de sabotage et pouvait être punie de mort, ceci juste après l'apposition d'une affiche annonçant l'exécution, le 28 août 1940, par les allemands, du juif Polonais Israël Karp, auteur d'un acte de rébellion ostensible lors d'une cérémonie aux couleurs devant la Gare Saint-Jean.

Autre fait significatif:
le 23 août 1940, le chargé des affaires de l'Occupation de la Préfecture était informé, par un ancien préfet, de petits incidents qui venaient d'avoir lieu au cinéma "Olympia" lors des actualités d'origine allemande, ainsi résumées dans son rapport:
"1°) au moment où l'on passait des scènes de moissons en Italie, les spectateurs ont ricané fortement.
2°) lors du passage de blessés allemands par des avions anglais, il y a eu des applaudissements.
3°) lors de l'apparition du Führer, passant des troupes en revue, des spectateurs ont avec bruit quitté la salle.
A la fin du spectacle, un officier aurait fait une remarque à ce sujet au directeur."

Une semaine plus tard, le commissaire central faisait savoir au préfet que la moitié du public du cinéma "Olympia" avait quitté la salle sans manifester au moment des actualités avant de reprendre place pour la suite du programme. Aussi, le 4 septembre suivant, le préfet informa les sous-préfets, la police et les exploitants de salles de cinéma de consignes adéquates: en cas d'incident lors de projection (cris de désapprobation, exclamations, opposition...) la salle devait être immédiatement allumée, les coupables arrêtés et incarcérés sur le champ, les salles fermées, un policier devant assister en outre à toutes les séances avec actualités. Un rapport policier du 14 octobre informa le préfet que, malgré ces consignes, des applaudissements avaient éclaté lors des actualités au cinéma "Apollo", représentant un défilé de troupes anglaises, cela sans que les auteurs aient pu être découverts.

Autre incident: le 5 septembre, le lieutenant Chelins, directeur du service de Bordeaux de la propagande allemande, informa la préfecture de ce qui suit:
"Lors de la dernière représentation de Carmen au théâtre de plein air de Bordeaux-Bouscat, le 25 août, il s'est produit des incidents à l'occasion de la scène des contrebandiers ainsi qu'il le ressort des informations que nous possédons."
"A un moment les mots suivants sont prononcés (rendus approximativement d'après le sens)
- Je viens de Gibraltar. Les Anglais sont jolis garçons - ou quelque chose de semblable qui sera applaudie par le public. Nous savons que ces phrases se trouvent dans le texte original et qu'ainsi il ne saurait y avoir de provocation de la part du Directeur ou d'un artiste."
"Afin d'éviter de semblables incidents, nous demandons vivement de faire le nécessaire auprès du directeur pour qu'il supprime ou qu'il change ces passages ou des passages semblables, ce qui est plus facile que l'endroit où ils se trouvent le permet sans nuire à l'action de la pièce."
"Nous sommes obligés cependant d'insister sur le fait que la représentation ne pourra continuer que si ces incidents comme ceux qui viennent de se produire ne se renouvellent plus."

Le nécessaire fut fait aussitôt et l'administrateur avertit les acteurs qu'aucune allusion gestuelle ou orale aux Anglais ne serait tolérée.

La correspondance journalière passive et active entre la préfecture de la Gironde et les services allemands contient un nombre de faits identiques impressionnant sur les quatre années d'occupation. On ne peut les évoquer tous ici.


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Manifestation de mille bordelais.

Citons encore l'affaire du 1er mai 1941, transformée par Vichy en fête de Jeanne d'Arc En zone occupée, les autorités allemandes furent réticentes pour autoriser des manifestations de foules, en dehors de quelques actes officiels cérémoniels restreints.

Près de mille bordelais eu
rent cependant le courage de manifester dans un long défilé, place de la Comédie, face à l'état-major Allemand installé à l'hôtel de Bordeaux, comme défi silencieux. Des passants furent photographiés puis arrêtés le lendemain par la police spéciale de la préfecture dirigée par le commissaire Poinsot sous les ordres du cabinet de Pierre Alype (parmi les interpellés, citons le jeune Raymond Dupouy militant de la jeune république, ami du père Dieuzayde, de Joseph Sartoulet, d'André Mandouze et de Jacques Rodel, tous disciples de Marc Sangnier, Dupouy étant fusillé plus tard à Lyon.). Les services allemands protestèrent de ces faits ambivalents. Par ailleurs, le Feldkommandant Wolf avait demandé au préfet, par prévention, quelques jours avant d'appliquer une ordonnance prise par le préfet de police de Paris, obligeant les propriétaires de maisons, les portiers et les locataires à effacer immédiatement des immeubles toutes les inscriptions, affiches, dessins et papillons de propagande qui, par leur signification ou leur sens, menaçaient de troubler l'ordre public.

Ceux-ci, anonymes, commençaient à surgir périodiquement dans plusieurs endroits de la ville. Le 19 mai 1941, le même Feldkommandant écrivait au préfet: "Comme vous le savez, les jours de fêtes nationales ont été employés, ces derniers temps, à des démonstrations et manifestations politiques."
"Je vous demande, à l'avenir, de prendre les mesures policières de sécurité préparatoires, surtout pour les jours où la possibilité d'une répétition d'incidents pareils existe, manifestations d'une façon foudroyante et énergique."

Le 7 juillet, au sujet des rapports sur "l'activité des partisans de De Gaulle et des communistes", le Feldkommandant réclamait plus d'informations de la part de la préfecture sur les mesures effectives prises pour les réprimer. Le 28 août 1941, un commissaire Allemand de la police de campagne révélait au préfet une activité gaulliste qui venait de lui être dénoncée, ainsi présentée:
"Ainsi que nous l'avons appris, les professeurs et élèves de l'école Anatole France à Bordeaux, sont en train de faire de la propagande ennemie. Il s'agit surtout des classes supérieures, dans lesquelles il a pu être établi que le directeur Ferrier enseigne la langue anglaise, chante très souvent, à la fin de classe, l'hymne national anglais et aussi américain."
"Prière de faire par vous-même le nécessaire contre ces menées et m'informer du résultat".

Là encore, le "nécessaire" fut fait effectivement: le dit Ferrier fut révoqué sur le champ et devint, dans la clandestinité, un des dirigeants de l'Organisation Civile et Militaire...

Au lendemain de la manifestation spontanée qui déborda les interdits vichyssois et allemands, Wolf écrivait encore au préfet Pierre-Alype:


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La police n'a pas été à la hauteur.


"Lors de la démonstration qui a eu lieu en date du 1er mai devant l'Hôtel de ville et la place de la République, conformément à l'invitation de la radio Anglaise, la police nationale n'a pas été à la hauteur de sa tâche, comme je vous en ai informé déjà personnellement. Je constate également que les dispositions prises par moi à ce sujet, n'ont pas été suivies, autrement, il n'aurait pas été possible qu'une démonstration puisse se former et par dessus le marché puisse durer plus de trois quart d'heur."

le 3 juillet 1942, le service des Renseignements Généraux de Bordeaux, dans son compte-rendu des émissions de la radio de Londres, faisait connaître à la préfecture les consignes données pour le 14 juillet, ainsi formulées:

"Le 14 juillet 1942, vous manifesterez vos sentiments. Pavoiser vos maisons. Promenez-vous dans l'après-midi dans les principales rues en abordant les trois couleurs. A 18 heures 30, rassemblez-vous et chantez la "Marseillaise".

Le texte policier vichyssois ajoutait:
"Cette consigne étant susceptible d'être suivie par certains éléments, toutes dispositions ont été prises en tenant compte de cette éventualité."

Aussitôt la préfecture prit des mesures d'ordre, ainsi présentées:
"Il est possible de craindre soit des mouvements populaires, soit des manifestations ou tentatives de manifestations de la part de certaines tendances, soit même des attentats divers commis ou tentés contre les personnes ou autorités ou contre les bâtiments et monuments publics et certains établissements."

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Les stationnements interdits.

"Il est indispensable d'éviter tout stationnement anormal sur la voie publique, plus spécialement à proximité des ponts offrant quelque intérêt."
"Les rassemblements, même sur les trottoirs, si minimes soient-ils, ne doivent être tolérés sous aucun prétexte et doivent être immédiatement dispersés dans des directions non convergentes pour éviter leur reconstitution."
"Il faut penser à faire observer de façon impérative les heures réglementaires de circulation et considérer que tout individu se trouvant dehors avant ou après ces heures est, à priori, suspect et doit être conservé pour examen."
"Si toute nervosité est à exclure, il est d'absolue nécessité de se montrer ferme er même intransigeant, les instructions données par les services devant être exécutées par le public immédiatement et sans discussion."
"Tout fauteur de trouble, toute personne tentant de créer un rassemblement ou un attroupement devront être immédiatement identifiés et mis à la disposition des commissaires de police, chefs de zone."

Les rapports du commissaire central au chef régional de la
sûreté publique affirmèrent que le 14 juillet en question s'était globalement déroulé dans le calme, sans incident notable. Cependant, à Caudéran, un ruban tricolore avait été placé autour du cou de la statue du monument aux morts. Des achats de cocardes et d'insignes tricolores avaient eu lieu dans certains magasins de Bordeaux. A Bègles, des tracts émanant de "Comités féminins de Bordeaux" et des "jeunesses communistes" avaient inondé la ville, et, à Cenon, un câble téléphonique allemand avait été coupé. Le soir du 14 juillet, quelques promeneurs avaient arboré de petits rubans tricolores.

Le 20 septembre 1942, nouvelle alerte des forces policières vichyssoises de Bordeaux; le parti communiste clandestin avait lancé des mots d'ordre pour commémorer le 150ème anniversaire de la bataille de Valmy. La veille, Laval avait envoyé au préfet Sabatier le télégramme suivant:
"Vous rappelle que vous ne devez tolérer sous aucun prétexte aucun rassemblement ou manifestation sur voie publique au cours journée 20 septembre. Dans départements où distributions de tracts ont été effectuées, veuillez, dès réception, procéder à arrestations préventives massives dans milieux communistes gaullistes et étrangers. Les personnes mises en état d'arrestation seront libérées lundi si pas d'incident. Arrestations seront maintenues en cas contraire."

Le 21 septembre, le commissaire central informait le chef régional de la Sécurité Publique Frédou, que des rafles avaient été effectuées selon les instructions spéciales, précisant dans son rapport:
"Les ex-internés astreints à résidence forcée, ont été arrêtés par mesure préventive. Au cours de ces opérations, 26 femmes ont été conduites au service des moeurs, 1 sujet russe, 21 personnes qui circulaient après l'heure du couvre-feu, et 67 ex-internés politiques ont été appréhendés et conduits à la permanence, où ils ont été gardés toute la journée."

Le 2 novembre 1942, le commissaire central faisait savoir que malgré les mesures prises pour surveiller les sépultures des détenus fusillés par les autorités militaires Allemandes, les tombes des aviateurs Anglais au cimetière Nord de Bordeaux avaient été abondamment fleuries, ajoutant là:
"En accord avec les autorités civiles supérieures, toutes inscriptions et choses ayant un caractère symbolique ont été discrètement enlevées."

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Récidive.

Les mêmes actes se renouvelèrent le 11 novembre suivant. De petites cocardes tricolores aux couleurs anglaises et françaises, sans aucune inscription, avaient été déposées sur les tombes des aviateurs anglais inhumés au cimetière Nord de Bordeaux et dans plusieurs communes. Au Bouscat, une trentaine de petits bouquets tricolores furent jetés sur les monuments aux morts. Dans la nuit du 10 au 11, des tracts communistes furent distribués en divers points de la ville. 3h 30, une Croix de Lorraine en bois entourée de rubans tricolores, fut découverte au pied du monument aux morts de Caudéran. Le 11 novembre, dans un rapport à sa hiérarchie, le commissaire central Bonhomme signalait en outre un arrêt de travail spontané, ainsi présenté:
"Le personnel de la société de constructions
aéronautiques du Sud-Ouest (S.N.C.A.S.O.), 91 rue Blanqui, a scrupuleusement respecté le mot d'ordre tel qu'il avait été donné par Radio-Londres."
"En effet, la moitié de l'effectif total, soit environ 700 personnes, a arrêté le travail entre midi et midi trente. L'autre moitié qui se trouvait au réfectoire s'est levée et à observé le silence pendant quelques minutes."
"A midi trente, tout est rentré dans l'ordre normal. Aucun incident n'est à signaler."


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14 juillet 1943

Même comportement gaulliste le 14 juillet 1943. Des personnes, notamment des femmes, arborèrent au corsage, sur les vestes ou dans les cheveux, des bouquets et des rubans aux trois couleurs. Le rapport du commissaire central ajoutait, le lendemain de l'évènement:
"Vers 19h40, un certain nombre de personnes dont il est difficile d'apprécier la quantité, ont convergé vers le cours de l'Intendance, qu'elles ont parcouru dans les deux sens sur les trottoirs, se mêlant à la foule habituelle qui est toujours assez dense sur cette artère à ce moment de la journée. Cette manifestation, qui paraît être le fait de milieux sociaux mélangés, mais en majorité petit bourgeois, a duré en s'amenuisant jusque vers 20h15, heure à laquelle le Cours de l'Intendance avait repris son aspect normal. Il n'y a eu ni cris, ni chants. Toutes les autres artères de Bordeaux, et les places, notamment la place Gambetta, ont toujours conservé un aspect normal." Le policier vichyssois ajoutait: "Il y a lieu de signaler en outre que vers 20h15, un individu de taille moyenne, brun, 35 ans environ, type espagnol, vêtu de blanc, est passé Cours de l'Intendance, conduisant un sulky bleu sur le siège duquel avait été posée une couverture rouge. Ce véhicule était attelé d'un poney noir. Après avoir descendu et remonté le cours de l'Intendance, l'attelage est parti rapidement en direction de la rue Judaïque. Le conducteur n'a pu, jusqu'à présent, être identifié."

Le 11 novembre 1943, toujours à Caudéran, une Croix de Lorraine en bois
d'un mètre vingt de haut, ornée d'un ruban tricolore, fut déposée au pied de l'arbre de la liberté, place Gambetta, le ruban avait été dérobé le premier novembre précédent sur la couronne offerte par la municipalité pour la circonstance. Place Saint-Bruno, à Bordeaux, au cours de la nuit, trois petits bouquets tricolores en celluloïd furent jetés sur le trottoir. Obéissant aux consignes données par la radio de Londres , divers arrêts de travail furent respectés à l'occasion. Le commissaire central Bonhomme en dressa le bilan suivant dans son rapport au chef de la Sûreté régionale:

Etablissements Effectif Grévistes Grève
Soudure Autogène
Motobloc
Pillot
Carde
C.I.M.T.
150
400
350
150
250
Totalité
*
partiel
Totalité
*
1/4 d'heure
1/2 heure
1/4 d'heure
1/2 heure
45 minutes


"Rien digne d'intérêt à signaler à la Raffinerie Saint Rémi, aux Ets Schaars, aux Acièries de Longwy, au port autonome, aux ateliers de la S.N.C.F, ni dans les grands magasins."
"Dans les rues, le mouvement a été normal et la population n'a manifesté aucune tendance particulière."

L'envoi de lettres de menaces à des collaborateurs et aux représentants de l'autorité de Vichy (Marquet, Poinsot...), divers sabotages notamment dans les administrations, pourraient, parmi nombre d'autres faits quotidiens, compléter la liste de ces actes anonymes, peu nombreux au début, et sporadiques mais très symboliques.

Un sursaut patriotique.

Cette résistance spontanée à Bordeaux, que nous n'avons fait qu'esquisser, montre que toutes tendances morales et religieuses, toutes classes sociales confondues, un sursaut patriotique eut lieu tout de suite contre Vichy et l'occupant nazi. Elle permet de comprendre aussi qu'il n'était pas facile, dans une grande ville de la zone occupée, de faire acte de résistance passive, même individuelle, en raison de la répression orchestrée de façon massive et répressive par les allemands et les services vichyssois. Ce gaullisme sentimental, dressé à l'écoute de Radio-Londres et de son chef, héros légendaire, qu'il légitimait, n'était que le prélude d'une résistance organisée, présente elle aussi à Bordeaux dès juin 1940.


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