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Philippe Buton, "les lendemains qui déchantent", Presse de la FNSP, 1998
Philippe Buton, "le couteau entre les dents", Editions du chêne, 1989
Maurice Thorez, vie secrète et vie publique, Philippe Robrieux, Fayard 1975, page 288 à 289
La dissolution des milices patriotiques, annoncée par décret du 28 octobre 1944, se voulait de portée nationale. Précédemment, en août 1944, ces milices
avaient reçu un statut particulier faisant d'elles une police aux ordres des Comités Départementaux de Libération. Toutefois, leur implantation nationale
n'était pas totale; certains département n'en avaient pas souhaité. La dissolution annoncée impliquait la restitution des armes
De la Libération au retour de Maurice Thorez, le 27 novembre 1944, les Milices Patriotiques vont être au coeur du complexe jeu politique qui va se
dérouler avec, pour participants, le gouvernement, le PCF et les structures issues de la Résistance, le CNR faisant évidemment partie de celles-ci.
Il est question de leur existence, des statuts pouvant les conditionner, de leur rôle encore mal défini et, question délicate, de leur armement éventuel.
Ce dernier point reste une question primordiale pour certains qui s'inquiètent de constater que le Conseil central des Milices patriotiques est
essentiellement constitué de communistes.
Pourtant le 30 novembre, intervenant au Vel d'Hiv, Maurice Thorez ne fait aucune allusion au problème des milices et semble clore ainsi le problème qu'elles
pouvaient soulever.
Suite à la dissolution des milices, le CNR mettait en place, le 3 novembre 1944, les Gardes civiques républicaines qui ressemblaient étrangement à
ces mêmes milices. C'est ainsi qu'en Gironde le Comité départemental de Libération publiait la note suivante:
Constitution des Gardes Civiques et Républicaines
Le Congrès des C.L.L. et du C.D.L. de la Gironde réuni à Bordeaux, le 1er février 1945:
"a) - se prononce à la majorité pour la mise en action immédiate des
organisations des Gardes Civiques et Républicaines. Ces Gardes Civiques Républicaines
sont recrutés, à titre bénévole, uniquement dans la résistance vivante; en dehors de toute
prédominance des partis politiques, sont l'aboutissement
discipliné et désintéressé des groupes de résistance eux-mêmes et des M.L. Mixtes.
b) - s'indigne du retard apporté, non pas à leur constitution, car elles sont sur pied depuis longtemps, mais à leur consécration.
Elles auraient dû être constituées depuis plusieurs mois; elles auraient renforcé, animé, surveillé les
"lentissimes" répressions des traîtres de la
5ème colonne et les trafiquants.
c) - reconnaît les Gardes Civiques Républicaines comme la force armée et vigilante de la Résistance elle-même exécutante du programme du C.N.R. intégral;
La Résistance s'est armée elle-même pendant l'occupation, elle a consacré ses armes pendant l'insurrection elle gardera son droit de cité les armes à
la main, à un titre au moins égal à la police elle-même, insuffisamment épurée.
d) - apporte les garanties de cette force armée par le contrôle de son recrutement de base: moralité et résistance, par l'attribution judicieuse des
armes aux heures de service - et par la discipline imposée à tous les membres, sous le contrôle et la direction d'un
état-major;
e) - il exige xxxxxx la rapidité de cette consécration officielle et pour le Gouvernement provisoire lui-même il s'agit là d'une question de
vie ou de mort.
La Résistance est décidée à lutter comme l'a toujours fait contre tous ses adversaires.
f) - que ces Gardes Civiques Républicaines soient sous le contrôle exclusif des Comités de Résistance constitués avant le 10 août 1944."
Ces gardes civiques étaient appelées à disparaître rapidement. En effet, au congrès du Parti communiste qui se tenait à Ivry, le 23 janvier 1945,
après la signature du pacte franco-soviétique, Maurice Thorez reconnaissait que la sécurité publique devait être, dés lors, assurée par les forces régulières
de police et que les milices patriotiques, devenues les gardes civiques, ne devaient pas être maintenues plus longtemps.
S'en était fini de la dualité des pouvoirs. tous les éléments susceptibles d'apporter une aide à la guerre devaient être envoyés au front. Une circulaire était adressée aux différents
comités locaux de libération afin d'organiser le ramassage des armes.