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Le massacre du village de Liard et du maquis de Vigne-Oudide, professeur E. Chapellan
Monsieur Petit Jean |
domicile Liard, par Saint-Germain d'Esteuil |
Le 26 juillet, jour où les Allemands se sont vengés sur la population de Liard, j'ai vu passer le jeune Seurin Raymond conduit par deux soldats allemands qui le poussaient devant eux à grands coups de pied. Cet enfant avait les bras en l'air et ses bourreaux l'ont conduit au centre du village, où il a été fusillé un moment après; ils sont venus chez moi, et m'ont dit: "Vous, terroriste." Comme je protestais, l'un d'eux, un adjudant, m'a saisi brutalement par mon col de chemise, me secouant fortement d'une main, de l'autre, il me braquait son revolver sous le nez. Ils m'ont ainsi laissé. |
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Monsieur Pinet Louis |
52 ans, propriétaire cultivateur, demeurant à Liard, Saint-Germain d'Esteuil. |
Mardi 25 juillet 1944, vers 20 heures, 3.400 soldats allemands environ
sont venus dans le village et ont fait sortir tous les habitants de chez eux; ils nous ont
tous rassemblés sur le bord de la route et menacés de leurs armes. Aucun de nous n'a tenté
de s'échapper. pendant le temps que nous sommes restés assemblés, 5 ou 6 soldats allemands
sont allés visiter les maisons, les chais, les granges, les étables, en un mot, tous les
locaux du village. Ils nous ont dit qu'ils recherchaient des armes et des terroristes.
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Monsieur Petit Jean |
propriétaire cultivateur, demeurant à Liard, Saint-Germain d'Esteuil. |
Les soldats allemands ont fait sortir tous les habitants et après nous
avoir rassemblés sur la route, au milieu du village, ils ont lâché les animaux et ont tiré
sur le village. Une partie de ma maison, et toutes les dépendances ont été la proie des
flammes. Au moment où je voyais des flammes sortir de ma maison, j'ai supplié un soldat
allemand pour aller sortir ma mère infirme, qui était restée au lit dans sa chambre, et
qui allait périr. Un des gradés m'amis en joue.
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Monsieur Bonhour Jean Pierre |
demeurant à Liard, Saint-Germain d'Esteuil. |
A également déclaré que les soldats allemands ont tiré des coups de feu. Sa maison a été endommagée; ils ont également lancé des grenades incendiaires qui n'ont pas réussi à mettre le feu à sa maison, à cause d'une abondante verdure qui garnissait le mur (du lierre). |
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Monsieur Hostein Gabriel |
propriétaire, demeurant à Liard, Saint-Germain d'Esteuil. |
Vers 21 heures, une dizaine de soldats allemands sont arrivés chez moi
et m'ont dit qu'ils voulaient visiter. Ils m'ont demandé de leur donner les armes que je
possédais et que je cachais. Sur ma réponse négative, ils sont entrés pour visiter. Alors,
ma petite fille, Colette, âgée de 14 ans, prise de peur est partie de la maison, mais un
soldat allemand l'a rejointe aussitôt; il l'a mise contre le mur de ma buanderie, les bras
en l'air, pendant que d'autres soldats la mettaient en joue pour la fusiller.
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Monsieur Seurin |
demeurant à Liard, Saint-Germain d'Esteuil. |
Mardi 25 juillet 1944, vers 10 heures, mon fils Raymond, âgé de 20 ans, qui travaillait dans les champs, à proximité du village de Conneau, a été appréhendé par un groupe de soldats allemands. Ces derniers, très surexcités, l'ont conduit au milieu du village de Liard et, pour une raison que je ne connais pas, l'ont fusillé devant mes yeux, sur le bord de la route. Après ce crime odieux, les soldats ont donné l'ordre de ne pas s'approcher. Je ne connais pas les raisons pour lesquelles mon fils a été tué. |
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Monsieur Tuffereau Alfred |
Cultivateur demeurant à Liard, Saint-Germain d'Esteuil. |
Le 25 juillet 1944, un groupe de soldats allemands, environ 20, qui
se trouvait déjà dans la partie nord du village ont tiré des coups de feu sur mon hangar
et ensuite sur ma maison d'habitation. Dès que j'ai entendu les premiers coups de feu, je
suis entré chez moi pour prendre mon enfant, âgé d'un an; mais, au moment où je pénétrais
dans le couloir des soldats ont tiré sur moi et dans les portes et les fenêtres.
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