Francs-tireurs et partisans. |
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Un groupe de communistes réfugiés de Longwy formèrent
le second noyau. Ils constituent, dès 1940, une "cellule" clandestine
autour de Gili (plus tard tué dans les combats de libération de Lyon) qui assure
la liaison avec Bordeaux, avec M. et Mme Montagnese (chez qui se tiennent les
réunions), Gabriel Gabrielli (tous immigrés d'origine italienne), Schmulevitch
(d'origine polonaise), Paul Dupont (ancien des brigades internationales) et
s'adjoignent deux communistes foyens, Berthe Lamargot et sa fille Georgette (le
père Pierre Lamargot, communiste connu d'avant-guerre, chauffeur à l'usine à gaz
et qui travaille de nuit, ne participe pas aux réunions). Bientôt le contact
sera établi avec le P.C.F. de Bergerac en la personne d'Eugène Connangle (futur
colonel Martial) par Christiane Recégat, de Pujol, plus tard épouse d'Yves
Péron (colonel Caillou) chef départemental des F.F.I. en Dordogne et député de
ce département. En septembre 1941, ils organisent à Ste-Foy une distribution
de tracts. En "représailles", les autorités de Vichy internent au camp de
concentration de St-Paul d'Eyjeaux, Pierre Lamargot et le commerçant foyen
(chemisier) Durand, qui avait été en 1937 candidat du P.C.F aux élections
cantonales. En 1942, ce groupe est intégré dans un réseau plus vaste dont le
responsable est Renaud Geneste, métayer à Fougueyrolles, avec son frère Raoul
(Jean-Marie) qui va prendre le commandement des premières unités de F.T.P avec
Jean Reix, de Port Ste-Foy, responsable du Front National. Le responsable local
de Ste-Foy est l'horticulteur Estèbe (Aramis). Des Républicains espagnols, assignés
à résidence comme travailleurs forestiers (bûcherons et charbonniers) et qui ont
une expérience militaire, se joignent à eux. Ces premiers F.T.P se livrent à
des actions de sabotage sur la voie ferrée Bordeaux-Périgueux, font sauter la
boutique d'un milicien (3 mars 1943), tentent d'exécuter le milicien Bordes
(c'est l'affaire Gabrielli).
Après Gabrielli, tué le 21 mai 1943, c'est Raoul Dumora, instituteur à Eynesse,
qui est arrêté et meurt sous la torture entre les mains des Waffen Ss de Castillon,
le 8 novembre 1943. L'électricien Georges Villemiane est arrêté le 20 novembre,
déporté, et meurt au camp de Flossenbourg, le 15 septembre 1944.
En octobre 1943, Adolphe Alembik, (Jean Charpentier) constitue au collège de Ste-Foy un groupe
des F.U.J.P avant d'être appelé à la direction départementale de la Dordogne de cette organisation,
puis à la direction interdépartementale à Limoges..
(Extrait de l'allocution du colonel Roger Faure)
Gabriel Gabrielli avait choisi la lutte dès 1940. Né le 27 mai 1901
à Montecopiolo, dans la région italienne de Rimini, il émigra en France vers 1925 avec sa femme,
pour fuir le régime fasciste de Mussolini. Il s'établit dans la région de Longwy, abandonnant son
métier de maçon pour celui de mineur de fer, puis de métallurgie aux usines de la Chiers.
Dans les années 30, il est un des dirigeants de "l'Union populaire italienne" qui regroupait les
immigrés italiens antifascistes. Il devient aussi militant syndical, puis militant du P.C.F.
En 1937, il se porte volontaire pour les Brigades internationales, qui combattent, aux côtés de
l'armée républicaine légaliste espagnole, la rébellion franquiste de Franco, aidé de ses alliés
Hitler et Mussolini.
En 1939, sa famille, avec d'autres, est évacuée de la Lorraine vers la région de Ste-Foy-la-Grande,
et lui-même, affecté spécial à son usine, la rejoint dès 1940.
Vient la défaite. Avec d'autres réfugiés de Longwy et quelques foyens, il participe très tôt aux
activités d'un groupe de Résistants n'admettant pas la défaite. En 1942, sous l'autorité de Renaud
Geneste (alias Gilbert), il entre dans la constitution du premier groupe F.T.P.F de la région,
qui comprenait avec lui trois républicains espagnols assignés à résidence comme travailleurs
forestiers. Ils fabriquaient des engins explosifs et se livrent à des actions contre les transports
allemands sur la ligne de chemin de fer Bordeaux-Périgueux et contre une boutique de milicien.
Le 21 mai 1943, Gabriel Gabrielli, avec deux membres de son groupe, José Martinez Fernandez et
Francisco Diaz, est chargé d'exécuter un dangereux milicien, Borde. Mais les choses se passent
mal: lorsque les trois hommes, sous la menace de leurs revolvers, intiment à Borde l'ordre de
lever les mains, c'est lui qui tire sur eux à la mitraillette, Gabriel Gabrielli est abattu et
ses compagnons s'enfuient. L'autopsie du corps semble indiquer que notre camarade, fauché par le
tir du pistolet mitrailleur de Borde, a été achevé d'une balle dans la tête.
Contrairement à la version répandue par la police de l'époque, et qui sera reprise par la suite
par des auteurs de bonne foi, Walter Gabrielli son fils alors âgé de 15 ans, ne l'accompagnait
pas. Les camarades de son père, redoutant la dureté des interrogatoires éventuels, viendront le
chercher à son domicile pendant la nuit, et le cacheront dans la région. Après de douloureuses
péripéties, Walter sera évacué sur les maquis de Corrèze où il combattra jusqu'à la libération
pour ensuite participer à la campagne d'Allemagne. Quant au milicien, qui s'était déclaré en état
de légitime défense face à une tentative de vol, il sera exécuté plus tard par la Résistance.
C'est donc en hommage à l'action résistante et à la mort de Gabriel Gabrielli que fut baptisé de
son nom le détachement qui m'accueilli quelques mois plus tard. Par des actions multiples, quoique
mal armés et mal équipés, les volontaires du détachement Gabrielli, combattant sur le sol de leur
patrie, en avant-garde de l'armée de libération, surent porter très haut le nom de ce vaillant
combattant de l'ombre qui sera homologué sergent dans les F.F.I.
Et pourtant, pendant très longtemps, son nom, comme celui de quelques autres, ne figurait pas sur
la plaque du monument aux morts de la ville, ni sur celui qui devait recevoir ceux des Résistants
morts pour la France.