Biographie. Résistants honorés. Lasserre Marie et Emmanuel |
Les époux Lasserre |
Le drame | Marie Lasserre |
Groupe de Grignols |
"La flamme de Préchac, Lucmau, Cazalis, Insos et Bourdeys"
Photos Veronike Lasserre
Extrait du bulletin "la Flamme":
" Deux Préchacais qui s'unirent par le mariage le 8 octobre 1936.Rien ne laissait prévoir leur destinée tragique. Ils quittèrent à cette époque leur
commune natale pour s'installer à Grignols. Ils coulaient leur vie avec, sans doute, les menus soucis de l'époque qui n'avaient rien de comparable aux
angoisses futures. Ils connurent la joie d'un foyer augmenté de deux filles.
En 1939, Emmanuel Lasserre partit à Mérignac, dans l'aviation. A l'armistice, il rentra chez lui, supportant mal la situation diminuée faite à la France
par l'occupant. Dès qu'on organisa la Résistance, il y entra. Il s'y montra actif, courageux, aimant le risque et toujours volontaire pour les missions
délicates et dangereuses.
Pendant un temps, son activité passa inaperçue. Cependant, il accueillait généreusement tous les concours connus pourvu que ce fût pour le pays et
qu'on se montrât loyal et patriote. Il ne demandait qu'une chose, qu'on serve le pays. Que de services il rendit. Il eut trop confiance et la trahison
se glissa dans l'organisation.
Il avait le tempérament d'un chef, il organisait le parachutage des armes, le transport des aviateurs américains, le camouflage des réfractaires. Son
activité le désigna avec son camarade Guérin à la Gestapo.
Au début de mars 1944, des traîtres essayèrent de le prendre ou de l'abattre. Il s'en manque de peu que le coup réussisse. Emmanuel Lasserre, dès lors,
disparut officiellement, plus entreprenant que jamais. Il continua bien que traqué jour et nuit, son travail d'organisation.
Sa femme l'aida et joua, avec Mme Guérin, un rôle discret mais combien important. A toutes deux, elles avertissaient du danger, assuraient les liaisons,
transmettaient les renseignements, risquant leur vie à tout moment. Surveillées, elles déjouaient les embûches, prudentes et courageuses elles n'hésitaient
jamais à prêter leur concours et à rendre service.
La trahison, qui avait échoué sur Emmanuel Lasserre, s'acharna sur sa femme, elle fût arrêtée le 21 avril 1944, conduite au fort du Hâ, elle y resta
jusqu'au 28 mai. Sans avoir été interrogée elle fut envoyée en Allemagne. Si la Gestapo espérait une faiblesse d'Emmanuel Lasserre, elle se trompait.
Il s'agissait du pays, or un pays ne se rachète que par la souffrance. Lui et sa femme acceptèrent la séparation et l'épreuve pour préparer la Libération.
Emmanuel Lasserre continua son activité jusqu'au 12 mai 1944, où il tomba, un peu après Fargues-sur-Ourbise, sur un convoi allemand. Et cette région,
il était interdit aux automobiles de circuler. Seul l'occupant pouvait aller et venir à sa guise. Toute voiture qui n'était pas allemande appartenait
à la Résistance.
Lasserre avec des camarades conduisaient des aviateurs américains vers l'Espagne. Emmanuel sur une motocyclette, éclairait le convoi. Sur la route
droite les Allemands le virent venir, le laissèrent approcher et, presque à bout portant, l'abattirent. Le reste du convoi n'eut pas le temps de faire
demi-tour. Guérin, le compagnon de chaque jour, fut lui aussi tué. D'autres furent capturés, d'autres réussirent à échapper. Tandis que ce drame se
jouait ici, Mme Lasserre, avec Mme Guérin, après un séjour de dix jours à Sarrebrück, était embarquée en un wagon à bestiaux et dirigée sur l'Allemagne.
Elle fut envoyée au camp de Ravensbrück. Quelle vie en ce bagne ! Quelle science mise au service du crime ! Quelle brutalité !
- Travaux pénibles: remplir et porter des sacs de sable, creuser des tranchées, séjour dans l'eau pour réparer des ponts.
- Nourriture infecte: peau de rutabaga ou de pommes de terre encore terreuse et en petite quantité.
- Traitement odieux: lever à 4 heures du matin; pour la moindre pécadille, obligation de se tenir debout de 19 heures à minuit, coups de ceinturon
en abondance, etc...
C'est ce régime que subit Mme Lasserre. Souffrance physique, souffrance morale, elle supporta tout. Elle se tût alors que le moindre mot sur ce qu'elle
savait de l'activité du maquis aurait pu ou la libérer ou adoucir son sort. Imagine-t-on ce qu'exige de courage stoïque pareille épreuve ?
Un jour Mme Lasserre prit froid, son organisme affaibli ne supporta pas l'épreuve, laissée sans soin elle s'éteignit un mois après avoir connu la Libération
qu'elle espérait chaque jour.
aujourd'hui, deux orphelines n'ont plus de parents, tombés l'un et l'autre pour la France. Les larmes ne suffisent point, les regrets non plus. Les
frères d'Emmanuel Lasserre, Emile et Jules, se sont engagés pour servir à sa place. Nous aussi, nous avons à servir les enfants de ceux qui sont morts
pour nous sauver.