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Vers écrits dans sa prison.
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Ils sont là, enfermés comme dans une tombe Sans sortir, sans fumer, sans nouvelles des leurs. Ni livres, ni journaux, pour rattacher au monde Ces hommes au visage effrayant de pâleur. Leurs vêtements sont pleins d'une vermine immonde. Dans un coin la latrine apporte sa senteur A l'air pestilentiel. Leur détresse est profonde Et souvent la torture aggrave leur malheur. Cependant, dans leurs yeux, une fière assurance Luit, et leur maintien montre au barbare geôlier Que rien n'altérera leur foi, leur espérance... ____, durs combattants que rien ne fait plier, Soyez fiers et joyeux. Bientôt la grande France Retrouvera sa place auprès de ses alliés. Fort du Hâ, 30 octobre 1943 |
Parfois le noir cafard entre dans la cellule Alors sourcils froncés, mâchoires contractées, Et les deux poings rageusement crispés, il calcule Marchant en rond dans cet espace limité. Par de légers frissons, en rides minuscules Son visage frémit et l'on suit les pensées, Qui dans le cerveau lourd tournent et se bousculent, Tour à tour souvenirs et projets insensés. Du passé, nul regret, pas une seule plainte Le souvenir des êtres chers et doux au coeur Et l'action prépare aux plus rudes contraintes. Mais être là, paralysé, quelles rancoeurs Oh ! pouvoir échapper à cette dure étreinte Retrouver le combat pour en sortir vainqueur. Fort du Hâ, 5 novembre 1943 |