LES CAMPS A.E.L

Les camps de rééducation par le travail

Carte des camps Un exemple

 

La lecture du « mémorial de la Déportation », importante œuvre de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, nous fait découvrir une catégorie particulière de déportés, les 2145, femmes et hommes arrêtés sur le territoire allemand. La majeure partie de ceux-ci a été envoyée à Dachau.

Les raisons expliquant leur présence initiale en Allemagne sont connues dans 90% des cas. La partie la plus importante de ce groupe est constituée par les requis et STO, à 40%. Viennent ensuite les travailleurs volontaires, 25% environ, puis, les prisonniers de guerre ayant opté ou non pour le statut de « travailleurs libres », environ 15%. Ajoutons environ 10% pour lesquels le statut initial est méconnu, 4 Alsaciens-Mosellans (3 incorporés de force dans la Wehrmacht et 1 patriote proscrit) plus, et enfin, 2 membres du corps diplomatique.

Le volume des arrestations avant le début de 1943 ne dépasse les 3%. Plus de 25% de celles-ci auront lieu sur 1943, 60% en 1944 et plus de 10% en 1945. Il est évident que le débarquement des Alliés en Normandie avait donné lieu à une recrudescence des manifestations d’opposition des travailleurs étrangers en Allemagne ; d’où une aggravation de la répression. Ces manifestations d’opposition n’ont rien à voir avec des délits de droit commun qui ne sont présent que dans moins de 2% des arrestations. Non Nous avons là différentes manières de refuser de travailler. Ce sont des absences, des évasions, des grèves lorsque cela est possible… et puis le sabotage sous ses divers aspect, que ce soit de la malfaçon ou même le ralentissement dans la production. Il y en eut qui rejoignirent les partisans en Yougoslavie. Il y eut aussi ce que l’on appelait « des actes de propagande antiallemande » ; il suffisait, pour cela, d’être à l’écoute des radios alliées et de diffuser les informations recueillies aux oreilles attentives des prisonniers français mais aussi d’informer la population allemande, C’est ainsi que le 15 septembre 1944, environ cinquante Français, tous du STO, furent arrêtés par la Gestapo, sous l’accusation de diffusion de nouvelles provenant de la BBC écoutée sur un poste radio monté par leurs soins. Ils resteront un mois à la prison de Würzbourg avant de rejoindre le camp de concentration de Dachau.

D’autres furent appréhendés pour avoir glissé dans leur courrier des propos antiallemands, des informations touchant au moral de la population allemande, des informations concernant le martyr des camps de concentration ou encore menaces et injures proférées à l’égard du Führer… Toujours d’après le document établi par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, il faut encore ajouter à la liste des motifs invoqués, l’aide apportée par des cheminots, requis et travaillant pour la Reichsbahn, et qui avaient organisé une chaîne d’évasion de prisonniers français ou belges qu’ils cachaient nuitamment dans des wagons à destination de la France.

L’ensemble des déportés arrêtés sur le territoire du Reich étant, pour la plupart, des travailleurs entrait à Dachau sous l’appellation particulière de « rééducation par le travail ». Leur entrée au camp se signalait par les lettres « AE », c'est-à-dire « Arbeitserziehungshäflinge », voulant signaler ces détenus comme « travailleurs civils ne fournissant pas les normes de travail exigées » et qu’il fallait donc rééduquer. En fait, il existait de nombreux camps AEL (voir la carte).

Le prisonnier « AE » était projeté au milieu des autres détenus, dans leur misères, leurs souffrances, leur martyr. Toutefois, le « détenu d’éducation » pouvait espérer sortir de cet enfer au bout de quelques semaines ou au bout de quelques mois au plus. Pourtant, tous ne revinrent pas…



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