De là, un plan d'action très simple, comme tous les plans efficaces: réunir dans un comité, des camarades sûrs appartenant aux syndicats confédérés et chrétiens et adversaires de la charte; rédiger un manifeste nettement opposé aux projets de Belin et le leur soumettre; envoyer le résultat de nos travaux aux organisations syndicales, collationner avec soin les réponses, passer  à la seconde étape, rédiger un petit journal clandestin et l'envoyer aux syndicalistes dont les réponses nous auront paru les plus proches de nos idées; transformer enfin notre comité en un mouvement de résistance dont nous avons tout de suite retenu le nom: Libération.

Nous sommes devenus par la suite: « Libération-Nord » pour ne pas être confondus avec le mouvement « Libération-Sud », dirigé en zone libre par d'Astier de la Vigerie.

Robert Lacoste et moi avons choisi douze noms: neuf parmi les confédérés, ex-C.G.T., trois parmi les syndicats chrétiens qui se sont réunis en octobre 1940, 52, rue de Verneuil. On les a trop souvent oubliés pour que je résiste au désir de les rappeler aujourd'hui:

Bouladoux Maurice, secrétaire de  la C.F.T.C.
Cappocci Oreste, secrétaire général de la fédération des employés C.G.T.
Chevalme François, secrétaire général de la fédération des métaux,
Gazier Albert, secrétaire général de la chambre syndicale des employés de la région parisienne,
Jaccoud Eugène, secrétaire général de la fédération des moyens de transports,
Lacoste Robert, secrétaire de la fédération des fonctionnaires C.G.T.,
Neumeyer Pierre, secrétaire de la fédération des fonctionnaires C.G.T.,
Pineau Christian, secrétaire du conseil économique de la C.G.T.,
Saillant Louis, secrétaire de la fédération du bâtiment et du bois, C.G.T.,
Tessler Gaston, secrétaire général de la C.F.T.C.,
Vandeputte Victor, secrétaire général de la fédération du textile C.G.T.,
Zirnheld Jules, président de la C.F.T.C.

Douze militants syndicalistes, pas un de plus, pas un de moins! Ce sont les pères de Libération-Nord

Deux survivants: Albert Gazier et moi-même.