Organiser. |
Dés lors que faire? En septembre 1940, dans le petit bureau de la Caisse
des dépôts et consignations, à deux pas de la rue de Verneuil,
occupé par Robert Lacoste, nous avons longuement étudié la réponse à
cette question cruciale et conclu banalement: il nous faut organiser
pour le jour où notre action pourra être nécessaire, en attendant
ne pas courir de risques inutiles.
Une organisation? Mais laquelle?
C'est alors que jaillit l'étincelle: l'organisation syndicale! Le gouvernement
de Vichy lui a retiré toute existence légale mais ses cadres subsistent
et nous les connaissons. Robert Lacoste est secrétaire de la Fédération
des fonctionnaires, je dirigeais le conseil économique de la C.G.T.
et la parution du journal « Le peuple ». C'est dire qu'à nous
deux nous connaissions beaucoup de monde. En outre, j'ai d'excellentes
relations avec les syndicats chrétiens.
Les circonstances
sont propices : René Belin, qui fut l'une de mes grandes désillusions,
a été nommé par le maréchal ministre du Travail. Il prépare une charte
corporatiste, voire fasciste, totalement opposée aux traditions du
syndicalisme français. Elle ne manquera pas de provoquer des réactions
négatives et nous trouverons sans doute des appuis auprès de ceux qui
la refuseraient.
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