Biographie. Résistants honorés. Thoorens Jeanne. |
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Femmes dans la Résistance. |
Bordeaux, 1940 - 1944 - René Terrisse 203
page 208-209
Résistance Unie n°51, mars 2000
Pour mémoire:
"Charlotte Loupiac - itinéraire clandestin dans la France occupée", Richard Thibaut
Jeanne Thoorens naquit le 9 janvier 1906, à Bordeaux.
Ancien membre des sections féminines du PPF avant l guerre, Jeanne Thoorens quitte ce poste avec pertes et fracas, par une cinglante
lettre ouverte à Jacques Doriot, dès qu'elle s'aperçoit des rapports de ce parti avec l'occupant. Le PPF ne lui pardonnera pas.
Sur dénonciation, elle est arrêtée une première fois en novembre 1940 par la police de Vichy et condamnée à un an d'emprisonnement.
A peine libérée, elle est arrêtée une deuxième fois, sur ordre de l'Abwehr, pour ses contacts avec une organisation nantaise de
résistance. Mais elle est libérée au bout de quelques mois. En septembre 1942, elle échappe de peu à une troisième arrestation. Elle
passe alors en zone libre, où elle entre en contact avec Gaston Vedel (alias "Vidal"), qui dirige à Agen, dans le Lot-et-Garonne,
une antenne du réseau de renseignements "Brutus", dont l'activité s'étend entre la Méditerranée et la ligne de démarcation. Celui-ci
l'embauche aussitôt, sous le pseudonyme de "Charlott Loupiac". Le réseau "Brutus-Vidal" a désormais deux antennes, l'une à Agen,
l'autre à Bordeaux.
Début 1943, le jeune chef du sous-secteur de Bordeaux, Pierre Grolleau (alias "Robert Houdin"), est arrêté lors d'une mission dans
les Pyrénées. Libéré, il ne reprendra pas son service dans l'organisation, où il a été remplacé par Henri Berman (alias "Ricou"),
qui, après ses démêlés graves avec Poinsot, était rentré en relations avec Jeanne Thoorens fin 1941. Au mois de mai, à la suite
d'arrestations survenues à Agen, dont celle d'Odette Vedel, arrêtée à la place de son mari, le siège de l'organisation Brutus-Vidal
est transférée à Toulouse.
A l'automne 1943, une deuxième vague d'arrestations vient frapper le réseau. Le premier agent capturé est le radio Pierre P., qui est
appréhendé le 5 octobre alors qu'il se trouve au bar Briand. Un revolver découvert à son domicile de la rue du Loup lui vaut d'être
très durement interrogé. Victime, selon lui, de pressions morales, il fait d'importantes révélations. Tous les agents sont arrêtés
à Bordeaux: sa femme, Yvonne Berman, arrêtée à la place de son mari, réfugié à Paris, Marie-Louise P., Henriette Lafourcade, Delapart,
Tonneau, et Jean Baudequin. Accompagné de l'Allemand Kaiser, du KDS de Bordeaux, et de Vincent, passé au service des Allemands, P.
fait alors arrêter le chef du secteur de Toulouse Etienne Martin (alias "Marcel") le 12 décembre, ainsi que trois agents à Marseille.
La décision est alors prise de supprimer P. Deux agents sont envoyés à Bordeaux, Valentin et un certain Chopin, mais tous deux se
font prendre à leur tour. Après cette alerte, Gisèle Robert, qui a succédé à Jeanne Thoorens à la direction du secteur de Toulouse,
quitte la région, en novembre 1943, laissant le commandement à Jean Aillet.
Jeanne Thoorens est décédée en janvier 2000. Ses obsèques eurent lieu le jeudi 27 janvier 2000 à l'église Saint-Martin de Villenave-d'Ornon.
officier de la légion d'Honneur, médailler de la Résistance, titulaire de la King's médaille