Biographie. Résistants honorés. Marois Ginette ("Ditka"). |
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Résistance Unie n°30 de décembre 1994
Sud-Ouest du 20 août 2004
Documentation Yves Marois
Ginette Marois est née le 19 juillet 1920 à Mensignac (Dordogne). Son père était maréchal-ferrant tandis que sa mère tenait le débit
de boisson. Malheureusement, et successivement, son père décédait d'un accident du travail tandis que la maladie emportait sa
mère.
Elle a sept ans lorsqu'elle et son frère se retrouvent orphelins.
Recueillie, à Taussats, par la soeur de lait de sa mère, Rachel Palussière, elle va effectuer ses études primaires dans cette commune.
Ginette souhaite poursuivre ses études; pour cela, n'ayant pas d'autre soutien financier, elle est prise en charge par les religieuses
de Saint-Joseph (rue du Hâ à Bordeaux) avec l'aide desquelles elle obtiendra le Brevet Elémentaire.
N'ayant pas la vocation religieuse et voulant mener d'autre études, elle se présente avec succès au Concours des Bourses ce qui lui
permet d'entrer à l'Ecole Primaire Supérieure de Sainte-Foy-la-Grande. Là, de 1939 à 1941, elle obtiendra les trois parties du Brevet
Supérieur; la voila institutrice.
Nommée institutrice remplaçante en Gironde, elle enseignera, de janvier 1943 au 6 juin 1944, dans les écoles du Porge, de Bordeaux
et de Mongauzy tout en poursuivant ses études en Faculté des Lettres de Bordeaux.
Mais son engagement professionnel, comme ses études, ne peuvent empêcher Ginette Marois de réagir à la pesante
oppression d'un occupant
omniprésent.
En fait, dès 1941, âgée de 21 ans, elle entrait dans la Résistance, à Bordeaux, où elle poursuivait ses études; tout d'abord dans le
groupe du professeur Auriac, de la Faculté de Médecine, pour lequel, sous le pseudonyme de "Simone", elle passe du courrier, dans le
secteur de Castillon, entre la zone occupée et la zone libre. On connaît le tragique destin du professeur Auriac et de son groupe
démantelé par l'occupant. Nous sommes en 1942. Ginette Marois réussit à rejoindre la zone Sud.
Là, étant rattachée à l'Inspection Académique du Lot-et-Garonne, elle obtient un poste d'institutrice à Mongauzy. Toujours sous le
surnom de "Simone" elle poursuit ses activités de résistante en liaison avec l'Union des étudiants et lycéens communistes de France
(ULCF), groupe des "Bataillons de la Jeunesse", avec le futur docteur Meyroune et bien d'autres. Elle apportait encore son aide au
groupe Grandpierre du maquis de Lorette.
Suite au démantèlement des "Bataillons de la Jeunesse", elle réussit à rejoindre la zone Sud et entra dans les unités combattantes
des F.T.P en tant qu'agent de liaison des groupes "Anic", puis "Demorny", aux côtés de son frère, à la 6ème brigade et, enfin, au
108ème régiment F.T.P. "Simone" était devenue "Diktat", nom d'une héroïne Bulgare de 1920, tiré du livre de Charles Plisnier, "Faux
Passeports", prix Goncourt de 1937.
La Libération approche. Agent de renseignements, agents de liaison, elle participe à toutes les missions à tous les combats, toujours
volontaire quels que soient les dangers encourus.
Le 15 août, au cours de la bataille de Sainte-Foy-la-Grande, elle réussit à se glisser au milieu d'un convoi ennemi stoppé entre
le Fleix e Sainte-Foy, ramenant les papiers des officiers tués et leurs armes, sous le feu des rescapés.
Elle échappe ensuite à une colonne de secours allemande en traversant la Dordogne à la nage, et réussit à prévenir le chef du détachement
engagé au nord de la Dordogne. Ce fait lui vaudra une citation.
Avec son unité, elle participera à la libération de Sainte-Foy, de Castillon, de Bordeaux puis, aux opérations de la poche de la
Rochelle.
Les milieux de la Résistance reconnaissent les mérites de Ginette Marois; pour cela, elle sera la seule femme qui, au cours des
cérémonies officielles, prendra la parole au nom des femmes de la Résistance.
Le 26 août 1944, elle prendra la parole à Périgueux.
Le 6 septembre 1944, elle est placée à la tête d'un défilé de six mille maquisards. Résistante authentique, à la sincérité
insoupçonnable, Ginette Marois ne pouvait apprécier le désolant spectacle des femmes nues et tondues soumises à la vindicte populaire
qui, par ailleurs, semblait peu préoccupée de gibiers masculins beaucoup plus coupables.
En septembre, la brigade Demorny est intégrée au 108
Début octobre, Ditka part en mission à la Rochelle. C'est là qu'au d'une mission réussie de contact avec la Résistance, ayant traversé
deux fois les lignes allemandes et rendu compte de sa mission, elle devait trouver la mort, à 23 ans, dans un stupide accident
de voiture, le 15 octobre 1944.