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Grebol Jacques

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Entretien du vendredi 2 mai 2003.

Je m’appelle Jacques Grébol. Le témoignage qui m’est demandé me ramène à ma jeunesse; 1939, la guerre que nous attendions depuis de nombreuses années, la guerre que nous ne pouvions éviter à cause des lâchetés et des dérobades des gouvernements européens déstabilisés par un Hitler retors, brutal et résolu. Le jeune homme que j’étais restait à l’écoute du monde extérieur et demeurait en éveil. Tout nous conduisait à une catastrophe programmée. Depuis juillet 1936, l’Espagne fournissait le creuset où l’armée nazie pouvait enfin tester ses hommes et ses armes. Le laboratoire est ouvert. L’aviation hitlérienne brûle d’essayer ses possibilités. Le 26 avril 1937, accompagnés de leurs alliés italiens, deux Heinkel 111 et 18 Junker 52 bombardent la ville de Guernica dont les bâtiments seront incendiés à 70%. Picasso immortalisera l’horreur de cet acte, prémisse du déchaînement de haine et de terreur qui allait bientôt s’abattre sur l’Europe. Qu’allait il advenir? Une chose était sûre; je n’accepterais jamais le joug de cette barbarie.

Donc, il faut penser que, dés que la France a été occupée, déjà, çà était un pillage systématique; rationnement sévère, mise en place de tout un système de carte avec des tickets accordant des rations qui étaient l’équivalent à peu près de la moitié de ce qui était nécessaire pour vivre normalement. Toutes les libertés, politiques, syndicales, individuelles sont supprimées. Le couvre-feu est appliqué. Le département est scindé en deux par une ligne de démarcation. L’état français, sous l’autorité de Vichy, favorise la naissance de mouvements nouveaux qui, sous prétexte d’une Europe unie collaborent étroitement avec l’occupant; ce sont les collabos. A Bordeaux nous avions certaines formations qui étaient le parti populaire français, le Rassemblement national populaire et puis, à partir de 1943, la Milice, qui était une émanation de la Légion des combattants, qui deviendra par la suite le Service d’Ordre des légionnaires avant de donner naissance à la Milice. Ce groupement armé par les Allemands, sous la conduite du colonel Robert Franc, secondera efficacement l’occupant dans la poursuite des communistes, des francs-maçons, des juifs et des résistants. Ils se distinguent aux côtés des Allemands dans les combats de Listrac en Gironde, de la ferme de Richemont, de Sainte-Foy-la-Grande, dans l’attaque des maquis du Médoc et de Lorette.

En 1941, avec l’accord de Vichy, création de la légion des volontaires français (L.V.F.) qui deviendra la légion tricolore; elle combattra aux côtés des Allemands, sous l’uniforme allemand sur le front de Russie (croisade contre le bolchevisme).

1940, la France est occupée. Elle est divisée en différentes zones; "libre", "occupée" et "interdites". Ces lignes de dépeçage sont autant de lieux de contrôle qui surveillent les mouvements de la population.

Par toutes ces nouvelles structures, ces restrictions, ces risques, ces peurs, ces délations, et c’est ainsi que j’ai vécu jusqu’en février 1943, date à laquelle j’ai été requis, par les occupants, pour travailler à la base sous-marine de Bacalan.

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De par ce que je vous ai déjà dit précédemment disons que, pour moi, la question ne s’est pas posée. Ce fut systématiquement en moi un rejet viscéral. Aucune question d’ordre philosophique, politique ou religieuse. Je rejetais cela, je ne voulais pas travailler pour l’Allemand. Et j’avais bien dit à mes parents à deux occasions que j’aurais pu quitter le pays. Je leur avais bien dit que le jour que je serais obligé de partir sera le jour que je déciderais et c’est ainsi que, mi février j’ai dû quitter la famille et je suis parti un matin sur ma bicyclette. J’ai franchis la ligne de démarcation au risque de me faire tirer comme un lapin. Une connaissance m’avait donné les coordonnées d’une personne qui était dans le Cantal et à qui j’avais été recommandé. Quand je suis arrivé, l’accueil de cette personne a été des plus bref. Je me suis présenté « Jacques Grébol » il me dit « Je sais. C’est de la part de madame unetelle, foutez le camp on est surveillé. » C’est le seul contact que j’ai eu avec le maquis, et, là, ont recommencé mes pérégrinations. Songez que tous les mois on devait renouveler les titres d’alimentation; chose que j’ai faite à Toulouse. Je me suis présenté au centre de distribution où ils vous découpaient un ticket sur le carnet d’alimentation et avec çà ils vous donnaient les titres d’alimentation pour le pain, la viande etc… car tout était contingenté. Et la personne qui me l’a donné a bien vu que je n’étais pas en règle, vu que j’étais de Bordeaux, que j’avais pas un permis pour passer la ligne. Mais elle m’a remis quand même les titres et en me les remettant elle m’a dit entre les dents " Partez vite et bonne chance. » Déjà, rien que pour çà, voyez, cette personne elle était passible, en tant que déportée d’aller au camp de Ravensbrück. Vous voyez les risques qui étaient encourus. Donc je suis retourné dans les Landes où je cherchais toujours à rentrer en contact avec des maquis. Je n’ai pas pu en trouver. En ce temps là, si on n’était pas parrainé par quelqu’un qui en était déjà, les chances de contact étaient quasiment nulles. Le maquis ne prenait jamais assez de précautions. Ceci n’a pas empêché quand même que les autorités allemandes ont réussi par l’intermédiaire de quelques Français a infiltrer ces maquis et à faire des dégâts terribles parmi eux. En fin de compte, j’arrivais quand même à Pau où le hasard a voulu que je trouve quelqu’un qui m’a hébergé pendant une douzaine de jours. Là, à Pau, je suis tombé sur deux Français qui se disaient agents d’une filière d’évasion par l’Espagne. Ils m’ont fait des faux papiers où j’étais porté deux ans plus jeune, donc je n’étais plus susceptible d’être réquisitionné pour le Service du Travail Obligatoire, des faux papiers qui disaient que j’étais interne dans un établissement scolaire, des faux papiers émanant du directeur (avec un point d’interrogation) disant qu’il m’accordait trois jours de congé pour aller voir, à la suite d’un faux télégramme, aussi, une tante gravement malade dans un établissement médical à Cambo les-Bains, et, avec çà ils m’ont fait une fausse carte d’identité en même temps, pour laquelle ils m’ont demandé deux photos , Le tout m’a coûté à l’époque, en mars 1943, 3.000 francs. Ceci représentait, à peu près, le salaire de deux mois de travail. Avec ces faux papiers, j’ai été à la kommandantur pour obtenir un ausweis, c’est à dire un laissez-passer, Car Cambo était en zone interdite. Et là, le guide à Cambo devait me prendre en charge. On devait se reconnaître par un même livre qu’on avait acheté l’un et l’autre. Donc, à l’heure dite et au jour dit j’ai pris le train. Dans le train il y a eu le service de sécurité allemand qui est passé et qui demandait les papiers. Moi, en toute tranquillité, avec ma fausse carte d’identité, le télégramme, et tous les documents en ma possession, j’ai tout remis en toute confiance. Tout compte fait ces deux Français c’étaient deux Français qui, se faisant passer pour des agents d’une filière d’évasion, n’étaient, en fait, que des individus qui s’étaient mis au service de la Gestapo. Ceci se confirmait par le fait que l’Allemand qui m’avait contrôlé était en possession de la deuxième photo fournies par mes soins. Débuta un interrogatoire qui a été sans trop de dommage, à part une grande claque sur la figure quand on m’a demandé par quels moyens j’allais à Cambo. Et c’est moi qui retournais la question « Pouvez-vous me dire le nom de ces deux Français qui se disant agent d’une filière m’ont livré à vous. » C’est ce qui m’a valu de prendre une claque., Puis, j’ai été interné à la citadelle de Saint-Jean-Pied de Port, le 29 mars et j’en suis reparti le 3 avril 1943, dans la journée, pour la caserne Boudet de triste mémoire, car c’est là que, sans toutefois être aussi pénible que ce qui nous attendait, nous avons commencé notre apprentissage de détenu, avec la faim et les coups.

C’est à la caserne Boudet que je sus ce que c’étaient que les « poux de corps ». Manque d’hygiène. Je suis arrivé à Bordeaux le 3 avril jusqu’au 21 avril durant cette période nous étions une trentaine dans une grande pièce située sous les combles. Nous n’en sommes sortis qu’une fois pour faire au pas de course le tour de la cour pendant un quart d’heure sous prétexte de prendre l’air; et il y avait deux gars de la Wermacht, deux soldats, avec le nerf de bœuf dans la botte qui nous faisaient courir. Inutile de vous dire que quand on est rentré on s’est écroulés sur nos paillasses pouilleuses. On en pouvait plus. De là, je suis parti pour le camp de Royalieu qui était un centre de regroupement d’où partaient les convois pour les camps de concentration, Là, on avait des appels, bien sûr, mais la journée on pouvait aller d’un côté de l’autre. C’est ainsi que nous avons attendu jusqu’au 8 mai 1943 jour où l’on nous a embarqué dans des wagons à bestiaux, à coup de crosse, à coup de bottes. On a quitté le camp de Royalieu et on a traversé Compiègne, je me souviens, en chantant la « Marseillaise ». Les volets étaient fermés mais on sentait autant de paire d’yeux qui, derrière ces volets, nous regardaient passer.

Donc, nous avons gagné la gare de Compiègne pour l’embarquement où nous fûmes entassés à peu près une centaine par wagon. Les Allemands, en nous enfournant dedans, nous avaient bien dit que s’il y avait des tentatives d’évasion des otages seraient pris et fusillés. Cette promiscuité, cette densité dans un espace aussi restreint provoquaient, disons, des troubles de comportement. Il y en a qui ont perdu la raison. On avait réussi, quand même, à instaurer un tour, dans ce wagon de marchandise en bois fermé, cadenassé, avec des petites fenêtres qui étaient barreautée avec du barbelé au tour. On avait réussi à installer un tour là dedans de manière que chacun de nous pendant quelques instants puisse respirer un peu d’air frais à travers ces petites fenêtres. Inutile de vous dire qu’il y a eu des bagarres au sujet d’évasion. Certains qui voulaient s’évader, d’autres, craignant d’être pris pour otages, qui s’opposaient. Il y a eu des bagarres. Il y a eu des tentatives d’évasion aussi et on nous a enlevé toutes nos chaussures. Le convoi s’est arrêté et on nous a enlevé toutes nos chaussures. Et, comme çà, pendant deux jours nous avons vécu ce transport jusqu’au moment où les noms des gares qu’on traversait à consonance française s’égrenaient et on a vu quand même après des noms à consonance germanique. Là, on a senti vraiment qu’on rentrait dans un autre univers.

Nous sommes arrivés de nuit sur un quai de gare où, sous les projecteurs, dans les cris et les aboiements. Nous avons été « déballés » à coups de bottes et de crosses, puis, reformés en colonne, nous avons gagné le camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen.

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Oranienbourg est un camp de concentration disons un peu spécial où il y a eu plus de 200.000 détenus dont plus de la moitié sont morts, hélas. Ce camp là, disons, était le centre névralgique de l’univers concentrationnaire nazi. C’était là qu’étaient instaurées toutes les règles de vie de cet univers là. C’était de là que partaient tous les ordres vers les autres camps de concentration et c’est là que, une fois par mois, se réunissaient tous les commandants des grands camps pour faire entre eux une mise au point. Dans ce camp, j’y suis resté du dix mai 43 jusqu’au 26 mai 43. Dans une baraque fermée de barbelés autour. On ne sortait pas dans ce grand camp. On était là enfermés, nous étions en quarantaine. Notre temps se passait à dépiauter des gaines de fils pour récupérer le cuivre. Nous étions dans un baraquement qui était divisé en deux ailes avec un local sanitaire très insuffisant et sous la férule d’un détenu responsable du block, le chef de baraque. Et là, nous avons appris, si l’on peut dire, les commandements nécessaires et les différentes interpellations en allemand auxquelles il faudrait répondre sous peine de sanctions sévères. Je vous ai parlé de l’organisation d’un camp de concentration, disons qu’il y a deux structures; une structure externe avec les casernes et toutes les dépendances militaires, les centres de commandement, les villas des grosses huiles de la S.S; eux, ils sont à l’extérieur du camp. Il est entouré de deux barrières de barbelés espacées, à peu près de trois à quatre mètres, qui doivent faire 2,50 m à 3 m de haut. Elles sont électrifiées et il y a entre ces deux barrières des miradors dans lesquels sont postées des sentinelles avec des projecteurs et des mitrailleuses. Dans ce camp, pour le faire marcher, les S.S, et c’est là que l’on voit un peu à quel point ils étaient machiavéliques avaient instauré toute une structure qui était chargée de faire marcher le camp et qui était faite avec des détenus de droit commun. N’oublions pas que les camps de concentration ont été ouvert en 1933, les premiers, dont celui d’Oranienburg - Sachsenhausen et celui de Dachau. Les premiers occupants de ces camps ce furent tous les opposants allemands au régime hitlérien; les communistes, les sociaux démocrates, ceux qui, pour des raisons religieuses, les Témoins de Jéhovah, par exemple, refusaient de prendre les armes et, en même temps, ils en ont profité pour vider toutes les prisons allemandes de tous les droits communs, des assassins, des criminels, des hors la loi.., Et à ces gens là, ils leur ont donné des fonctions; c’était la structure interne du camp qui faisait marcher l’intendance, qui faisait marcher le secrétariat, qui faisait marcher l’infirmerie, infirmerie entre guillemets parce que, si l’on peut appeler çà une infirmerie, disons que c’était l’antichambre du crématoire. Inutile de vous dire que ces fonctions qu’ils occupaient étaient assorties de privilèges, autrement dit, ces gens là ne travaillaient pas, étaient mieux habillés, mieux nourris, mieux chaussés que nous et, par contre, sous le contrôle des S.S, il fallait qu’ils remplissent leurs fonctions; n’oublions pas que nous étions là, dans ces camps, pour une fin programmée. Donc, leur boulot c’était de détruire.

Nous sommes arrivés dans ce camp, donc, le 10 mai 1943, Comme dans tous les camps, en pleine nuit, le débarquement sur la quai, les projecteurs, les chiens, les S.S qui aboient des ordres; on nous jette en bas du wagon, les personnes âgées qui se cassent la figure, si elles ont une fracture, et bien, on les embarque dans un camion, on verra ce que l’on en fera plus tard. Et on traverse la ville. C’est la nuit. Nous n’avons pas eu à faire à la population qui dormait. Mais nous sommes arrivés dans ce camp. Bien sûr, on nous a dépouillé de tout ce que nous avions. On est rentré dans une baraque où, excusez moi l’expression, on nous a mis à poil et quand on en est sorti à l’autre bout, nous étions sans poil. On était passé à la tondeuse des chevilles à la tête. Nous avons été trempés en totalité dans un bain de désinfectant qui piquait. Quelqu’un était là, un détenu, qui nous appuyait sur la tête pour immerger la tête dedans. Et ensuite, dans le petit matin, malgré que ce soit le mois de mai, là-bas, dans le Brandebourg, pas loin de la Baltique, il ne fait pas des plus chaud. On attendait la douche. On l’attendait d‘autant plus impatiemment que le bain précédent provoquait sur nous, partout, des picotements qui devenaient insupportables. Cette douche a été rapide. On entrait par des fournées de 20 ou 30, je ne sais plus combien. La douche tombait, parfois il y avait des tuyaux qui balançaient des jets d’eau, tantôt chaud tantôt froid suivant la fantaisie de celui qui tenait les manettes.

En cinq minutes tout était fait. On est sorti au bout, bien sûr pas de savon, pas de serviette, rien. On s’est séché en plein air. Et puis, après, on nous a donné nos défroques; un caleçon, une chemise, un veston et un pantalon en fibranne. Et c’est avec çà que pendant plus de deux ans on allait supporter les rigueurs de l’hiver. Après cette quarantaine, j’ai été expédié au commando de Kustrin aux confluent de la Wartz et de l’Oder, c’était un complexe cellulosique aux bords de la Wartz, à la frontière actuelle polonaise, à peu prés 80 kms de la Baltique. Pendant un an et demi on a fait du terrassement, on a fait l’extension de l’usine et quand le froid était trop prononcé, que l’on ne pouvait plus bétonner il fallait qu’on aille au tas de planches de coffrage, les nettoyer, les gratter, redresser les clous car là-bas aussi, en Allemagne, il y avait des pénuries quand même. Ou bien, alors, on allait au parc à bois, vu que c’était une industrie cellulosique, qui employait, entre parenthèse, 10.000 personnes. Il y avait une voie ferrée qui arrivait, il y avait des convois qui arrivaient avec des agrumes. Il fallait qu’on les décharge, qu’on les mette en tas et, quand il faisait trop froid pour faire du béton et bien on nous mettait à çà. Et, j’ai vu, avec le peu de vêtements que nous avions dessus, des galoches en bois au dessus en toile, j’ai vu la Wartz complètement gelée. Je ne sais combien il faisait de température mais la Wartz était gelée en totalité. A croire, que l’homme est une des espèces les plus résistantes, car là où nous sommes passés beaucoup de bêtes auraient crevées. Sur le plan nourriture, c’était, le matin, un bol de jus. On ne sait pas avec quoi c’était fait. Cà avait un avantage, c’était chaud. Ensuite, le midi on avait une gamelle de soupe, soupe entre guillemets, des tubercules fourragères, des carottes à vache, des betteraves fourragères coupées en petits cubes, bouillies dans de l’eau. On en avait une louche d’un litre à peu près. Le soir, quand on rentrait, on avait une boule de pain qui était partagée, je ne me souviens plus si c’était en cinq ou en sept. Je ne voudrais pas dire de bêtise, là, je ne peux pas préciser. C’était un pain quand même dont la mie était visqueuse une mie marron, beige marron, mais c’était du pain. Avec çà, on avait une petite rondelle de saucisson ou un doigt de margarine, parfois une cuillerée de compote. Et c’était tout pour 24 heures, cette nourriture. Pour des hommes qui, par n’importe quel temps, du soleil levé au soleil couché, travaillaient par n’importe quelle température. Inutile de vous dire, qu’à ce régime là, l’organisme en a pris un coup rapidement. Cependant, dans ce petit kommando nous avions la chance d’être 300 détenus et nous étions 270 français, ce qui était énorme. Parce que dans les grands camps il y a eu jusqu’à 22 nationalités. Nous avons donc eu cette chance d’arriver à instaurer entre nous des solidarités, je dirais. C’est ce qui nous a aidé à surmonter des épreuves. Des solidarités, exemple, quand on avait distribué la soupe ceux qui avaient de gros problèmes de santé, qu’on voyait qu’ils tombaient rapidement, avant de donner le rabiot qui restait au fond du bouteillon, on leur donnait une ration supplémentaire à ceux là. Ceux qui était astreint, ce fut mon cas, de travailler dans un kommando disciplinaire, j’avais été condamné suite à une tentative de faire partir une lettre en fraude, trois mois de kommando disciplinaire On m’avait mis devant une broyeuse où je devais faire passer par jour 100 mètres cubes de bois, dans la journée. Inutile de vous dire, qu’à ce régime on déglinguait vite. Heureusement, que, quand cela m’est arrivé, les Alliés avaient fait la percée d’Aix-la-Chapelle et que les couteaux qui équipaient cette broyeuse arrivaient de Solingen. Et sur ces trois broyeuses qu’il y avait dans ce local, une est tombée en panne, et puis deux, si bien que, au lieu de se retrouver un devant chaque broyeuse, nous nous sommes retrouvés trois devant une seule broyeuse. A ce moment là çà devenait possible. Et, le temps à peu près une dizaine de jours que j’étais seul, tous les jours j’avais ma ration supplémentaire de soupe, le midi. C’était une solidarité. Nous nous étions réunis aussi par groupe. Dans mon groupe nous étions quatre camarades, et comme j’ai passé quand même plus de deux ans là dedans, pendant un temps on a eu la chance d’envoyer des lettres où il y avait écrit en allemand que la famille pouvait envoyer autant de colis qu’elle le voulait. Ma mère m’en a envoyés en se privant bien la pauvre femme. Et en 26 mois je n’en ai reçu quand même que trois. Autrement dit j’en ai reçu un sur dix c’est tout. Donc ces colis, on s’était mis à quatre pour les partager. Mais quand on nous remettait le colis, qui arrivait des fois plus ou moins détérioré sous prétexte de bombardements ou tout simplement de pillage, il fallait qu’on remette quelque chose pour la solidarité. Alors on prélevait quelque chose sur ce colis et, quand il y en avait suffisamment le midi, au lieu d’avoir cette vulgaire soupe de plantes fourragères avec de l’eau, et bien, on faisait la soupe des colis. Et c’était quelque chose d’important. Donc, c’était une seconde solidarité. Et puis ensuite, il y a eu, ce que j’appellerais la solidarité des mains vides. Un copain qui était dans le creux de la vague, on essayait à lui remonter le moral La solidarité des gens d’opinions tout à fait différentes. Exemple, ce moine qui assistait un mourant dans ces derniers instants, et bien, pendant ce temps il y avait un communiste, à la porte du block qui faisait le guet. Car s’il s’était fait attraper en train d’assister de ses prières un mourant le moine était bon pour 25 coups de nerf de bœuf sur le derrière. C’est pour vous dire que la solidarité s’est exercée de mille et mille formes. Sur le chantier, on étaient harassés, vidés, et bien quand il y en avait un qui n’en pouvait plus, pour lui éviter des représailles, c’étaient ses copains, à côté de lui, qui essayaient, en plus de leur charge, s’ils en avaient encore la ressource, de faire au moins une partie de sa part à lui. Ce n’est pas une solidarité avec un grand « S », collective, non, ce sont des solidarités qui nous ont permis de surmonter ces épreuves. Il faut vous dire, que, pour surmonter ces épreuves, il fallait avoir la rage de vivre. Il fallait être motivé. Celui qui n’avait pas de motivation il ne tenait pas le coup. Il fallait aussi être vigilant. Cette solidarité n’a pu s’exercer que dans la tolérance; accepter l’autre tel qu’il était, dans la générosité, même si l’on n’avait rien Quand on a un mauvais moment, une tape dans le dos, un sourire. Ca aide. Et çà aide d’autant plus qu’on a personne après qui se raccrocher. Cette solidarité s’est exercée, je vous en donnerai un exemple tout à l’heure dans les « marches de la mort ». C’est ainsi que, tenant compte, de tous ces paramètres que je vous ai donné, tous ceux qui possédaient ces vertus là, çà ne veux pas dire qu’ils étaient sauvés car entrait en jeu, et dans une grande proportion, tout simplement le facteur chance.

Je vais vous donner un exemple de la duplicité de l’Allemand, çà m’est arrivé à Buchenwald, car pendant ma déportation j’ai fait trois camps Sachsenhausen, Buchenwald et Flossenbürg. C’était au mois de mars, les S.S passaient le matin pour relever l’effectif; le mort de la nuit devait être présent à l’appel du matin. Et c’était à ses camarades de châlit de le prendre chacun un bras autour de l’épaule et de le présenter à l‘appel qui pouvait durer une heure sous la pluie ou le froid. A la fin de l’appel, on laissait le mort sur place et un kommando était chargé de faire les allées du camp afin de récupérer les cadavres et les amener au crématoire.

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Nous avions trouver une astuce pour nous protéger du froid. On attrapait les sacs de ciment, on les ouvrait sur un côté, on enlevait (c’était en trois ou quatre épaisseur de papier kraft) on enlevait la couche intérieure qui était imprégnée de ciment on l’ouvrait devant on se faisait un passage pour la tête et un pour les bras. On se faisait une espèce de gilet mais fallait pas se faire attraper. On cachait çà sous la chemise, à même la peau. On se le mettait pour se protéger du froid. Mais si on se faisait attraper on avait droit à des coups de bottes et à des coups de poings. Donc, l’hygiène était nulle, les soins étaient nuls, l’infirmerie n’en parlons pas, c’était l’antichambre de la mort. Donc les épidémies couraient. Avec la vermine, les poux, les punaises. Le typhus a fait des ravages, la dysenterie, car il faut vous dire qu’en fait d’hygiène nous avions, dans ce petit camp de 300, des latrines. C’est à dire une poutre sur laquelle on s’asseyait, une autre derrière le dos pour s’adosser et en dessous il y avait des bidons. Quand ils étaient pleins c’était la corvée de la merde, disons le carrément, il fallait aller les vider. On allait enterrer çà. Et c’est là, ceux qui étaient atteint de dysenterie, maladie contagieuse, oh combien !, on les a vu se vider de leur sang. Le travail, les brutalités, on essayait, disons … on était traités comme moins que rien.. d’ailleurs, l’Allemand quand il passait pour demander l’effectif, j’en reviens à tout à l’heure, il ne disait pas combien d’hommes il demandait au droit commun, qui était détenu, une brute en général, il lui demandait « Wieviel stück », en bon français cela veut dire « combien de morceaux ? » Nous n’étions même pas considéré comme des êtres vivants Nous étions un stück, identifié sous un numéro matricule, qu’on devait utiliser jusqu’à rupture et, ensuite on faisait partie des déchets industriels que l’on devait éliminer par le crématoire.

J’ai vécu là pendant un an et demi. Ensuite, à l’approche des Russes, ils nous ont évacués. Ils nous ont évacués, c’était le 29 janvier 1945. Inutile de vous dire qu’il y avait une couche très épaisse de neige. Les S.S, les jours précédents qu’on évacue ce camp avec les châlits… les châlits il faut que je vous dise : c’étaient des lits individuels faits en bois superposés à trois ou quatre étages avec des paillasses dedans faites avec des frisons de bois et une couverture. Et encore nous faisions partie des nantis, nous avions une couverture. Avec ces châlits ils ont fait construire des traîneaux qu’ils ont chargé de tout leur matériel, et nous sommes partis le matin, vers sept heures, on est arrivés le soir vers neuf heures. On a fait une cinquantaine de kilomètres dans la journée, attelés à ces traîneaux tout comme des bêtes de somme. Ils avaient mis deux câbles à chacun et après chacun de ces câbles il y avait six détenus. Douze détenus par traîneaux pour tirer leur matériel. C’est ainsi que toute la journée, par le froid, dans la neige nous avons été dans un petit camp appelé Briezen on y a passé une journée à peu près. Et puis, de là, on nous a mis dans un convoi qui nous a conduit à Buchenwald où j’arrivais le 3 février 1945. Buchenwald, il y avait le grand camp et le petit camp où se passait la quarantaine pour les arrivants. C’était devenu impensable, une surpopulation qui s’expliquait par le fait que les Alliés de l’est et de l’Ouest repoussaient les Allemands dans un réduit de plus en plus restreint. Les Allemands, les S.S disons, avaient pour ordre soit d’exterminer soit de ramener les détenus sur le territoire qu’ils contrôlaient encore. Si bien qu’on nous a mis dans le petit camp à Buchenwald, le petit camp de Buchenwald que ceux du grand camp appelaient « Shanghai ». on s’est retrouvé dans un block où sur deux châlit nous étions huit. Alors, Kustrin, en comparaison, était un hôtel « 3 étoiles », car j’avais un châlit pour moi tout seul; à « Shanghai », il devint pratiquement impossible de dormir. Ceci n’empêche que l’on devait quand même participer à des corvées.

Ils ont manqué de quoi faire marcher les crématoires car le taux de mortalité avait augmenté du fait que la maigre portion, qui était l’équivalent, en temps normal, à 900 calories, s’est trouvée encore réduite. Alors, dans ces grandes carrières, on jetait les morts et on mettait de la chaux vive dessus et on comblait. C’est ainsi qu’il y eut deux charniers à Buchenwald. Par la suite, on m’a sorti de ce petit camp, du block 52 où j’étais pour me mettre au block 19. alors là, c’était dans le grand camp. C’était de suite beaucoup mieux. Mais, on nous prenait quand même en kommando et on partait toute la journée, on partait la matin, on rentrait le soir réparer les dommages qu’avaient causé les bombardements à la gare de triage de Weimar qui, toutes les nuits était bombardée; tous les jours nous repartions avec des moyens rudimentaires, bien sûr, fallait qu’on arrache les rails tordus, qu’on rebouche les trous, qu’on casse, qu’on remette la caillasse, qu’on pose des traverses, qu’on repose des rails... tout çà à mains nues. Là-dessus, bien sûr, les S.S étaient décimés eux aussi par la guerre, à telle enseigne qu’on a eu affaire à ce que l’on appelait la « volksturm ». La " volksturm » c’était ceux qui remplaçaient les S.S et qui étaient des hommes qui n’étaient plus mobilisables vu leur âge ou des gamins qui n’étaient pas encore mobilisables. Inutile de vous dire que cela faisait parfois une belle pagaille entre les jeunes et les vieux.

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Nous avons traîné ainsi à Buchenwald où j’étais arrivé le 3 février 1945 jusqu’au 8 avril 1945. Là, les Américains approchaient et les Allemands nous ont évacués, à nouveau. En ce qui me concerne je faisais partie d’un groupe qui a été embarqué dans des wagons minéraliers, c’était un petit wagon de charbon Belge, nous étions 80 dedans. On nous a donné un morceau de pain avec un bout de saucisson, je suppose, je ne m’en rappelle plus exactement. On nous a entassé à 80 dans ces petits wagons minéraliers. On nous a mis une tinette au milieu, bien sûr et nous sommes restés là 5 jours. Ce wagon là était à hauteur de 1,70 mètre, à peu près. Nous n’étions pas couverts, bien sûr. La nuit, on crevait de froid. On a pas eu à manger pendant ces 5 jours. On a pas eu à boire. Il est arrivé que le convoi s’est arrêté et qu’une âme charitable nous est portée de l’eau. Alors, on tendait une boîte pour la remplir d’eau. Mais quand elle arrivait entre les mains des déportés, elle était tellement disputée que personne n’en profitait. C’est là que j’ai vu, dans mon wagon, des détenus boire leur urine tellement la soif devenait insupportable.

En territoire tchèque, près de la frontière, le train s’immobilisa à un passage à niveau. Les hommes valides descendent et déchargent les cadavres; à peu près la moitié de l’effectif du départ. Un camion emmène ceux qui ne peuvent plus marcher; nous ne les reverrons plus. Le reste devra continuer, à pied, pendant deux jours avant d’être conduits dans un hall d’assemblage d’aviation où on a passé la nuit. Le lendemain, on nous mettait dans le camp de Flossenburg, qui était à côté. Nous y sommes restés trois jours. En trois jours, mes souvenirs sont assez flous, mais je pense qu’on a dû avoir une soupe, peut être, c’est tout. Cà faisait déjà sept jours que nous avions reçu un morceau de pain et point final. Les Américains sont arrivés, encore nouvelle alerte. Alors là, à 17.000, une colonne de 17.000 sur la route encadrés de S.S. avec des chiens toujours. Et on a marché. Et on allait vers une petite ville qui s‘appelait Cham et qui est restée célèbre dans le coin sous le nom de « route de la mort ». On a du faire plus de 80 à 90 kilomètres en trois jours. Sur ce trajet, 8.000 déportés qui étaient exténués s’arrêtaient et étaient exterminés d’une balle dans la nuque. Raison invoquée « Abréger leur souffrance  ».

Dès qu’il y en avait qui, épuisé, s’écroulait, il était aussitôt achevé. Et c’est ainsi, tout à l’heure je vous parlais que quand on a plus rien a donner on peut donner encore, je vous parlais de solidarité. C’est ainsi qu’on a vu des groupes de deux, trois, quatre malheureux qui se soutenaient mutuellement, dans cette marche . Ils s’arrêtaient ensemble sur le bord de la route . Ils s’écroulaient ensemble et ensemble ils étaient achevés. C’est là que je vous parle de la solidarité des mains vides. C’est là que je vous dis que quand on a plus rien à donner et bien on pouvait donner encore.

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L'univers concentrationnaire nazi, était un univers qui était fait pour détruire. N’oublions pas qu’il y a eu dix millions de morts, femmes et enfants compris. Cet univers là était constitué de manière à détruire progressivement l’individu, à le déshumaniser, avant qu’il soit détruit physiquement. Nous étions là pour une mort programmée. On travaillait pour le compte des S.S, pour des usines à eux, d’armement, pour des carrières, des travaux pénibles et dangereux. Et ceux qui n’étaient pas employés dans des exploitations S.S étaient loués à des entreprises. Ils étaient loués tant par personne, par jour. Il y avait deux ou trois tarifs en fonction de la qualification de l’individu. Il y en a même qui ont été loués à des laboratoires pharmaceutiques pour faire des recherches sur eux et pour essayer des médicaments sur eux. En principe, dans cet univers, ils avaient calculé, compte tenu du régime qui nous était imposé, la durée moyenne de vie devait être de six, huit, neuf mois. Alors quand je vous dis que j’ai fait plus de deux ans… Ne me demandez pas comment j’ai fait, je ne sais pas.

Autrement dit, disons que le détenu, en attendant d’être détruit, il fallait qu’il rentabilise sa propre destruction. Rentabiliser par ce qu’on lui avait pris, quand il était arrivé, tout ses biens. Rentabiliser par le travail que l’on avait tiré de lui., jusqu’à l’extrême limite de ses forces. Rentabiliser même lorsque celui qui était mort et devait passer au crématoire. Il y avait un détenu qui était chargé de lui inspecter la bouche pour lui enlever les couronnes en or qu’il pourrait avoir. Rien n’était perdu. Et, si je vous dis tout çà, ce n’est pas pour pleurer sur mon sort, loin de là. On a perdu notre jeunesse, là. On l’a perdu parce que l’on a fait un choix. Un choix dans lequel nous étions seuls. D’un côté, il y avait la propagande de Vichy et des S.S qui nous parlaient de l’ordre nouveau, de l’Europe nouvelle. De l’autre côté, il y avait la radio anglaise, des alliés qui nous disait qu’il fallait que l’on s’investisse, qui nous disait qu’une guerre avait été perdue mais que la guerre n’était pas perdue. Et nous savions, quand j’étais déporté, que la Victoire était en train de changer de camp. Mais, tiraillés entre ces deux choses là pas mal de jeunes ont hésité. Pour prendre la décision on était seuls. Parce que même la famille ne pouvait pas nous aider. Car la famille, et je le comprends, élever un enfant jusqu’à dix-huit vingt ans pour le voir partir dans l’aventure dans de telles conditions, c’est pas la famille qui va dire à son fils ou à sa fille « Allez, pars! » c’est pas vrai. Ils vont le retenir. Je les comprends. Je vous dirai que cette résistance fut , au début, peu agissante, se traduisait par des bricoles, disons, des graffitis, des affiches lacérées. Puis, peu à peu, elle s’est structurée. Elle est montée en puissance.. elle s’est organisée, grâce, surtout, à Jean Moulin et à Brossolette qui ont réussi à unir cette résistance. Cette Résistance intérieure n’aurait été rien sans l’apport de la Résistance extérieure qui, par ses parachutages, a permis à la Résistance de monter en puissance. Mais la Résistance extérieure n’aurait pas pu faire ce qu’elle a fait sans l’apport de la Résistance intérieure, par ses filières qui lui récupérait ses aviateurs abattus, et qui les rapatriait par la frontière espagnole, par les renseignements que lui fournissait les différentes personnes qui étaient en poste et étaient capables de fournir des informations, par les actions de lutte qu’il y eut. Pensez que le quart de la France s’est libéré pratiquement tout seul. D’ailleurs, le général Eisenhower a bien dit que l’apport de la Résistance dans le combat contre l’hitlérisme était l’équivalent de 15 divisions. Donc, je vous disais que ce n’était pas pour pleurer sur notre sort, non, mais nous avions un choix. Nous savions que nous ne pouvions pas vivre sans liberté. Il est coutume de dire que la liberté n’a pas de prix, et bien, nous, on l’a payé ce prix là. On le connaît. Et si on témoigne encore aujourd’hui c’est pour qu’un jour, vous, vous n’ayez pas à le connaître.

La démocratie a démarré dans la Grèce antique, il y a deux millénaires et demi, depuis, elle fait son petit bonhomme de chemin. Il y a eu des empires qui ont dominé, qui ont écrasé et qui ont disparu à leur tour. Il ya eu des dictatures qui ont voulu dominer le Monde, qui ont voulu supprimer des portions entières de l’humanité parce qu’elles ne correspondaient pas à leurs critères à eux; ils ont disparu aussi dans le chaos en laissant des millions de morts. Mais, la liberté, la démocratie, elle, elle dure toujours.

Et c’est, ce qui malgré les évènements actuels, me permet encore d’espérer. Mais, cette liberté que vous avez, ce n’est pas un cadeau du ciel, Au cours de ces deux millénaires et demi ce fut des millions de sacrifices, jalonnés par des figures légendaires, entourés de tous ces héros inconnus ou ignorés. Vous recevez çà en héritage. Vous n’en êtes pas les propriétaires, vous en êtes les usufruitiers. Et il est de votre devoir de protéger cette liberté pour la transmettre telle que vous l’avez reçue. Sinon, le chaos vous attend, peut-être. Et ceux qui arriveront après vous pourront vous juger comme vous, comme nous nous avons juger ceux qui ont permis l’avènement de Hitler, qui a causé ces cinquante millions de morts et ces destructions entières de pays entiers.

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