IV E.P.A 7758                                                           Bordeaux le 1/11/1943

Amené, comparaît le ressortissant Français et contrôleur: Feutry Emile Léon Lucien, né le 21/9/1897 à Marquix, domicilié à Bordeaux Talence 30 rue Henri Fosse.
Mis au courant de l’affaire et exhorté à dire la vérité, il a déclaré ce qui suit:
Pour l’état civil: «Mon état civil ci-dessus est exact. Je suis marié à Blanche née Sonlisse et j’ai 2 enfants âgés de 11 et de 23 ans. Mes parents s’appellent Joseph Feutry et Elise née Hamy. Tous les deux sont encore vivants. Je suis catholique, je n’ai pas été condamné encore.

Depuis 22 ans je suis employé à la Société des Tramways de Bordeaux comme contrôleur et je gagne 3.300 Frs par mois. Je n’ai pas fait la dernière guerre. Je n’ai pas appartenu à des organisations politiquer comme membre et je ne suis pas occupé de questions politiques.

Aux faits: (l’interrogatoire) Si on me reproche d’avoir mis ma demeure à la disposition de tierces personnes je dois vous déclarer à ce sujet ce qui suit :
Il y a environ 7 à 8 mois Moniot m’a abordé à mon lieu de travail et m’a demandé s’il pouvait venir me voir dans ma demeure. Je l’ai permis sans qu’il m’en ai dit davantage. Après environ 8 jours, Moniot est effectivement venu me voir chez moi. Ma femme et moi étions présents. Moniot inspecta ma demeure et déclara qu’il avait l’intention d’y faire des émissions par T.S.F. Après avoir visité ma demeure, il a déclaré qu’il y avait trop de pièces en fer dans mon immeuble qui causeraient des parasites. Sans m’imposer une discrétion particulière Moniot est sorti de la maison. D’après ce qu’il me disait je crus comprendre qu’il s’agissait vraisemblablement d’y établir un émetteur clandestin. Comme déjà indiqué je ne m’en suis plus occupé.

Pour raisons de services j’ai rencontré à nouveau de temps à autres Moniot; cependant il ne m’a plus jamais parlé de cette affaire. Comme je ne savais rien de précis, je n’ai plus rien entrepris de mon côté.

Si Moniot avait véritablement eu l’intention de se servir de ma demeure pour des émissions ennemies et m’en avait fait l’offre, je l’aurais refusé sans aucun doute.

Je nie énergiquement qu’il y a des tierces personnes qui se sont présentées dans ma demeure pour transmettre des messages ennemis chez moi. Je voudrais encore remarquer que la demeure de Moniot m’est inconnue. Il y a environ 7 semaines je l’ai vu pour la dernière fois.

Comme je suis comme innocent en prison, je vous prie de m’en laisser sortir.

Je voudrais encore faire ressortir que Sieffert et Favrichon me sont connus comme camarades de travail.

Aucun d’eux n’a jamais fait une offre analogue comme Moniot. Ni l’un ni l’autre n’est venu dans ma demeure. J’ai été étonné d’apprendre que ceux-là avaient été arrêtés par la police allemande.

Je n’ai plus rien à ajouter. Mes indications sont exactes. Elles m’ont été traduites en français et je les reconnais exactes.