Bordeaux le 24/09/1943
IV E.I Pa. 7758
Kei
III
(transcription de document officiel)
Le 23/9/1943 le Capitaine GARTNER de l’Anst (sans doute Abwehrstelle service de contre-espionnage) Bordeaux, allait trouver FAVRICHON
dans l’hôpital militaire – section cellulaire – pour apprendre d’autres détails. Favrichon ne pouvait être questionné que brièvement
parce que son état de santé ne permettait pas un interrogatoire prolongé. Il déclarait que son mandataire était:
Il disait que Moniot est également occupé à la société des Tramways de Bordeaux, qu’il avait encore en sa possession
2 pistolets qu’il gardait dans le buffet de sa cuisine. En outre il serait encore en possession d’une clef secrète pour nouvelles
chiffrées.
A cause de ces indications, l’interrogatoire fut interrompu. Des renseignements concernant Moniot résulte ce qui suit:
Celui-ci est en fuite depuis le 22/9/1943.
Son séjour d’autrefois est inconnu. L’administrateur, le Directeur Général Lorru a indiqué que Moniot se trouva pour la dernière
fois le 22/2/1943 à son lieu de travail. Le soir de la même journée il a dit à ses camarades de travail qu’il avait été appelé auprès
de sa mère malade à Paris. On ne pouvait pas encore constater si ces indications correspondent à la vérité. Moniot n’a pas obtenu de
permission de ses supérieurs. L’adresse de sa mère à Paris n’est pas connue non plus.
La demeure de Moniot est fermée à clef. D’après les indications de ses voisins, Moniot est parti en voyage le 22/9/1943, donc le
jour de l’action contre l’accusé a été exécutée, en compagnie de son épouse et de ses deux enfants. On peut supposer avec certitude
que Moniot a eu connaissance de l’arrestation de ses camarades de travail (subordonnés) à l’atelier et qu’il s’est échappé.
Pour apprendre d’autres détails, nous sommes à nouveau allés voir Favrichon à l’hôpital militaire. On ne pouvait pas, aujourd’hui
non plus, procéder à un interrogatoire protocolaire, parce que Favrichon se plaignait toujours de douleurs de tête et de cou.
Questionné Favrichon nous indiquait ce qui suit:
Je suis prêt à donner d’autres indications, voyant, que je ne peux pas camoufler l’affaire. Comme je l’ai déclaré à un Monsieur
inconnu qui est venu me trouver, mon mandataire (?) est l’ingénieur en chef
Moniot. Au mois de mai/juin 1943 celui-ci m’a fait une
offre de travailler pour lui. Après avoir donné des détails sur le but de mon activité future, j’ai reçu de lui 2 émetteurs que
j’ai transmis plus tard à Sieffert. En attendant, j’avais choisi Sieffert comme radiotélégraphiste car il m’était connu que Sieffert
avait déjà été radiotélégraphiste dans l’armée. Sieffert avait aussi accepté l’offre et reçut habituellement 500
frcs, par semaine
pour son activité d’émetteur. Il reçut l’argent de Moniot, moi aussi je reçus 500 frcs par semaine de lui.
En dehors de Sieffert, c’est encore Robert (mentionné dans l’interrogatoire) qui a servi le poste émetteur. Je connais Robert
également sous le nom de Victor. C’est Moniot qui m’a amené Victor. Je ne connais pas son vrai nom. Je ne sais pas non plus où il
habite et où il est occupé. A mon avis il doit demeurer à Bordeaux.
Le nom de Bernadet ne m’est pas connu. Il ne peut s’agir que de Marcel qui m’est également connu sous le nom de Victor. Victor
(Bernadet) a habité pendant quelque temps dans l’immeuble n°36 et venait de Paris. De là il est arrivé à Bordeaux avec des messages
et a transmis en personne des nouvelles à Londres avec le poste émetteur d’ici. Le 8/8/1943 celui-ci était pour la dernière fois
à Bordeaux. Ce jour-là, il m’a encore transmis la pile trouvée pour la conserver provisoirement. Ce jour-là il m’a déclaré qu’il
partirait en permission. Il ne m’a pas dit où il allait, et quand il reviendrait me voir. Je voudrais encore ajouter que Robert se
faisait également appeler Abel. C’est sous ce nom qu’il m’a encore été présenté par
Moniot. Ce nom d’après mon avis, est également
un nom d’emprunt.
J’ai reçu de Moniot les nouvelles à transmettre sous forme chiffrée. C’était ma tâche de transmettre lesdites nouvelles à Robert
ou à Sieffert. Pour le chiffrage il nous faut posséder le livre «Poésies de Musset». Le jour de mon arrestation, j’avais encore
l’occasion de brûler ce livre dans le poële de l’immeuble n°36. dès que vous me donnerez ce livre, je me déclare prêt au déchiffrage
de ces nouvelles chiffrées. Pendant mes loisirs j’ai déchiffré ces nouvelles transmises par monsieur
Moniot. J’y ai constaté qu’il
s’agissait de nouvelles militaires, mouvements de troupes etc… malgré mes hésitations, j’ai continué ce jeu. Je n’ai pas appartenu
à une organisation ni politique ni illégale.
Mon salaire à la Société des Tramways de Bordeaux est de 4.000 frs. par mois. Comme j’ai 3 enfants, les 500 frs mensuels de Moniot
étaient pour moi une subvention économique appréciable.
Il y a 2 semaines, Moniot m’a donné une arme avec munitions. J’ai fait remarquer à Moniot que j’en aurais peut-être besoin un jour.
En outre j’ai encore une arme à la maison depuis 1925. Toutes les deux se trouvent dans la cuisine de ma demeure.
Comme déjà indiqué, je ne peux pas faire davantage pour trouver les personnes qui ne sont pas encore arrêtées, car je n’en connais
ni les vrais noms ni les demeures.
L’interrogatoire fut interrompu puisque pour le moment on ne pouvait pas apprendre de lui des choses utiles. Pour lui faire subir
un interrogatoire plus détaillé, il faudrait attendre 8 à 10 jours d’après l’avis du médecin-chef.
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