Réseau Jade-Amicol
Affaire d'espionnage Favrichon et Sieffert.
Suivie par le K.D.S Bordeaux


AFFAIRE D’ESPIONNAGE FAVRICHON ET AUTRES

Transcription de documents officiels

 

IV E 6 Pa 7752/43

le 23/09/43

Dossier n°1

REMARQUE

Le 22 – 9 – 43 vers 16 heures, le mot de passe (de repère) (Stichroost) « Temps de pluie » (Regencoetter) fut transmis par le lieutenant Thiele (rectifié Kiehl) du Kommando (Service) de la surveillance des émissions par T.S.F. Selon l’ordre donné le Kommando s’en allait à l’endroit convenu avec le capitaine S.S. Bauer, Kaiser, Hertel et le soussigné.
Là-bas se trouvait déjà un autre Kommando du service mentionné ci-dessus en partance. Les deux voitures s’en allaient de là à l’endroit déjà indiqué, à Caudéran, cours du Cardinal Lavigerie
Le bloc de maisons en question était déjà barré par le Kommando de la surveillance des émissions par T.S.F., de sorte que les personnes du pâté de maisons ne pouvaient ni en sortir ni y pénétrer. Les maisons reconnues par le service de détections furent soumises à une perquisition détaillée par d’autres sections. Dans un terrain de jardin des maisons, deux personnes pouvaient être arrêtées et identifiées. Il s’agit des ressortissants français:

Favrichon Marc François,
électro-contre-maître, né le 31/3/1905 à Cublize, domicilié Bordeaux – Caudéran 17 rue Charles Chaumet.

et

Sieffert Louis Pierre, électricien, né le 2/5/1904 à Bordeaux, domicilié à Bordeaux 45 rue Rabin.
Questionné, Favrichon avoue qu’il avait séjourné en compagnie de Sieffert dans l’immeuble 36 rue Cardinal Lavigerie. Il disait qu’il avait rencontré sa connaissance du prénom de Robert dans l’immeuble précité et y avait séjourné jusqu’à ce qu’il ait remarqué que des civils allemands avaient cerné le bloc de maisons. Pris de peur, il s’était éloigné de l’immeuble parce qu’il avait appris que les Allemands procédaient à des arrestations sans raison (cause). On l’avait ensuite rencontré et arrêté dans le jardin d’un propriétaire inconnu.

Favrichon avoua, répondant à nos questions, qu’on l’avait rencontré par hasard dans un jardin. Il avait appris d’un employé de tramways qu’une petite maison de jardin était à louer. Bref, après avoir pénétré dans un petit chemin de jardin dans le bloc de maisons en question, il y avait été rencontré et arrêté par les Allemands.

Malgré une fouille détaillée dans les pièces et le jardin, l’émetteur restait introuvable. Dans l’immeuble n°36 Cours du Cardinal Lavigerie, on pouvait cependant constater qu’on y avait installé une antenne, laquelle avait été enlevée avec précipitation. En outre quelques fiches avec des signes d’émission connus pouvaient être mises à l’abri. Il n’y avait donc plus de doute que l’émetteur en question ne pouvait avoir eu sa place que dans l’immeuble précité et que les émissions partaient de là jusque vers 16 heures.

Pressé de question Favrichon nia être pour quelque chose dans cette affaire. Il fut constaté par des voisins que l’immeuble en question appartenait au propriétaire JAIME Jacques, né le 1/1/1901 à Orthe, domicilié à Caudéran.

JAIME qui séjourne depuis quelques temps hors de Caudéran fut ramené le même jour à sa demeure. Questionné, il nous a indiqué ce qui suit:
« Après confrontation, Favrichon et Sieffert n’ont pas été reconnus par moi. Depuis janvier de cette année, je me trouve avec ma femme à Saint Médard. Ma fille âgée de quatorze ans habite chez une tante. C’est elle qui a la clef de l’immeuble. La porte de l’immeuble n’est jamais fermée à clef, mais elle est seulement coincée. Au printemps - mois de mars ou avril 1943 – en allant à ma demeure, un camarade du tramway se présenta et me pria de laisser coucher dans ma maison un homme « réfugié » (fugitif ?) pour 14 jours, puisque de toutes façons je n’habitais pas ma maison régulièrement. D’abord j’ai refusé mais plus tard j’y ai consenti lorsqu’on m’a déclaré qu’il s’agissait d’un honnête homme. J’ignore le nom d’un camarade de travail que je voulais abriter dans ma maison. Du reste je n’ai jamais vu l’homme en question. Revenant de la campagne j’ai vu que quelqu’un avait couché dans mon lit que des journaux illustrés traînaient dans la demeure. Mais comme je n’y ai séjourné que quelques minutes, je ne me suis pas aperçu d’autres changements.»

Comme les indications de JAIME paraissaient véridiques il a été relâché ensuite.

Il est à remarquer que la demeure se composait de 4 chambres et d’une cave. Outre quelques meubles, on peut désigner l’immeuble comme vide.

Le soir même de ce jour, le Capitaine S.S. Kaiser, un membre de la section de surveillance des émissions et le soussigné, procédaient à la perquisition de la demeure de Favrichon.

Favrichon était présent, ainsi que la femme de l’inculpé et ses trois enfants. Cependant, encore pendant la perquisition, Favrichon qui se trouvait avec le membre du service de la surveillance des émissions dans la cuisine, avait le temps d’entreprendre une tentative de suicide. Il s’ouvrait le côté gauche du cou avec un couteau se trouvant sur la table de la cuisine, sans que ce geste ait pu être empêché par l’homme qui le surveillait.

Après avoir mis un pansement de secours, Favrichon fut transféré au Poste sanitaire de secours (Poste de rassemblement des malades allemands) et de là, dans une voiture sanitaire à l’hôpital de guerre, section cellulaire.

Dans la demeure nous avons encore trouvé et mis à l’abri, un transformateur neuf pour courant alternatif, qui était caché dans une caisse de bois. Celui-ci fut transmis au service de la surveillance des émissions. La perquisition fut interrompue par cet incident et poursuivie le vingt trois septembre 1943, par les hommes de la surveillance des émissions (Funküberwachungskommando).

Dans le portefeuille de Sieffert, on trouva entre autres une lettre de Marcel, pour laquelle il ne pouvait pas donner d’explications. Comme Sieffert est également suspecté d’être impliqué dans l’affaire Favrichon, il fut également arrêté et transféré au Fort du Hâ.

Nous remarquons encore, que sur une table dans l’immeuble en question, se trouvait un trousseau de clefs avec 3 clefs. Favrichon et Sieffert déclarent ne pas être propriétaire des dites clefs. Une clef allait sur la porte d’entrée de l’immeuble n° 38.

Le 23/09/43 tout l’immeuble du jardin fut à nouveau fouillé par le service de la Surveillance des émissions (Funküberwschungskommando). Le résultat en était négatif.

Ensuite Sieffert fut à nouveau transféré de la prison de l’armée allemande, Fort du Hâ, à sa demeure, pour y procéder à une perquisition. Une clef du trousseau allait sur la porte d’entrée de Sieffert. Maintenant Sieffert avoua qu’il appartenait à Favrichon. Sur notre insistance Sieffert déclarait que l’émetteur se trouvait en fait encore dans un hangar de l’immeuble n°38. La demeure fut tout de suite fermée à clef et nous allâmes en compagnie de l’accusé à l’immeuble n°38. sous des décombres se trouvait entre autres un sac de toile. La dernière émission du 23/9/43 ainsi que 5 pmans à émettre (?). L’émetteur ainsi que les plans ont été transmis au lieutenant Thiele du Service de la Surveillance des Emissions (Funküberwachungskommando) de la Surveillance des Emissions (FunküberwachungsKommando). Le résultat n’en est pas encore connu

Sieffert indiquait qu’on avait également « mis depuis sa demeure à Londres, c’est Favrichon qui lui avait donné l’émetteur et l’ordre d’émettre. On avait exécuté depuis un mois ce jeu d’émissions. Il ne connaissait pas d’autres «mandataires» que Favrichon. C’était lui qui avait servi l’émetteur, tandis que Favrichon avait fait le guet et lui avait transmis les nouvelles chiffrées. Sieffert fut ensuite ramené à notre service. (bureau ?)

Signé: Schoder
Sous-lieutenant

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