Biographie. Résistants honorés. Auriac Jean-Jacques. |
Auriac Jean-Jacques |
Les mouvements de jeunesse. |
Cahier de la Résistance n°15
Bordeaux 1940-1944, René Terrisse.
Histoire de la Résistance, Tome III, Henri Noguères.
3 filles, 20 garçons, la résistance en Gironde, Michel Slitinsky
Témoignage de O. Auriac (père).
"Les hommes en blanc dans la clandestinité" du C.H.R.B.G.
"Jean Auriac", Thèse de Corine Charron, 23 juin 2003
Jean Auriac est
né le 9 mai 1906 à la Roche-sur-Yon. Jean-Jacques, ainsi que plus tard son frère cadet Pierre, reçoit une éducation purement laïque;
pour eux, pas de baptême. Son père, Oscar, bien que non pratiquant, possèdent des qualités que l'on peut qualifier de chrétiennes:
bonté, charité, compréhension et amour. Il croit en l'homme, en son avenir mais encore en la République et dans l'éducation. Un homme
avec des certitudes. Il est sûr que tout homme peut arriver à tout par sa seule volonté. Voila un père qui devient Inspecteur général
de l'Instruction Publique pour devenir, en 1935, directeur de l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. Un homme remarquable qualifié,
plus tard, de "pèlerin de la science et de la sagesse".
Dans les pas de cet homme, Jean posait ses pas; possédant une soif de savoir Jean recevait une éducation essentiellement scientifique
qu'il complétait par une "lecture immense" et une méditation précoce; deux points particulièrement remarquables qui lui valaient le
surnom de "petit philosophe" que ses amis et proches lui accordaient.
En juillet 1923, il passait avec succès le baccalauréat de latin sciences. Puis, à l'automne, en suivant, il décrochait le baccalauréat
de philosophie. A dix-sept ans, ce double bachelier se destinait à l'Ecole polytechnique. Malheureusement, sa myopie l'obligeait à
modifier son choix; il s'orientait alors vers les études de pharmacie qui, pour commencer, imposaient un stage officinal qu'il achevait
en obtenant la médaille de vermeil de de la société de pharmacie de Bordeaux, en 1924, à 18 ans.
Jean, très attaché à sa famille, correspondait régulièrement avec les siens. N s'accordant que peu de loisirs, il étudiait sans cesse.
Des études brillantes, ce garçon "studieux et très doué" passait "tous ses examens avec la mention
très bien". Dés le début de ses
études, il s'intéressait à la physique médicale. Il obtenait son diplôme de pharmacien le 24 juillet 1929, à 23 ans. On lui promettait
un avancement rapide dans la section de biologie végétale. Il optait alors pour les sciences physiques pour lesquelles il avait un
très grand intérêt et de grandes aptitudes. Il complétait son bagage scientifique par un certificat de mathématiques générales (mention
très bien) et des certificats de chimie générale et de physique générale (mention Bien). Licencié ès sciences physiques, les portes
de l'enseignement s'ouvraient à lui.
Ne s'arrêtant pas là Jean-Jacques Auriac entreprenait des études médicales. Réussissant le concours de l'externat des Hôpitaux de
Bordeaux il effectuait simultanément des stages dans les services de chirurgie (1929-1931), de médecine (1929-1930/1931-1932), d'obstétriques
(anciennement d'accouchements), mais aussi dans le centre régional de lutte contre le cancer où il devenait interne provisoire.Il
obtenait, en 1934, la médaille de bronze des hôpitaux de Bordeaux.
Dernière touche au tableau pour dépeindre cet homme d'exception. Jusqu'au 5 juin 1929, il assurait la fonction d'auxiliaire d'internat
au lycée annexe de Longchamps, aujourd'hui lycée Montesquieu. A cette date, il reconnaissait ne pouvoir continuer à surveiller, plus
particulièrement le repas des élèves car cela lui imposait de sauter le sien, et, chose plus grave, de manquer certains de ses cours..
Puis c'était le lycée Michel Montaigne où il exerçait la fonction de maître d'internat stagiaire d'octobre 1929 à septembre 1930.
Il devenait titulaire en octobre 1930, jusqu'en septembre 1934, comme maître d'internat affecté à l'infirmerie. Maître d'internat,
poste convoité par le salaire le rétribuant, poste demandant une proposition motivée du doyen de la Faculté qui ne tarissait pas
d'éloge pour conserver le maintien dans sa tâche de ce "sujet d'élite", "d'une rare conscience et d'un parfait dévouement".
Entre temps, en novembre 1929, Jean Auriac était rattaché au centre régional de lutte contre le cancer de Bordeaux. Il préparait sa
thèse qu'il soutenait le 28 juillet 1937 et remportait le Prix Godard (Médaille d'or) ainsi que le prix des thèses de la Société de
radiologie de France. Docteur en médecine il était nommé chef de clinique d'électricité médicale pour l'année universitaire 1937-1938.
En 1939, il réussissait l'agrégation de Physique médicale, premier ex-aequo. Mais, déjà, il donnait des conférences, réalisait des
démonstrations pratiques aux étudiants de troisième année, dispensait des cours aux étudiants en médecine mais aussi parfois aux
infirmières. De nombreuses publications paraissaient sous sa signature.
Jean-Jacques Auriac, en 1939, était arrivé à l'apogée de sa carrière, comblé dans ses fonctions de médecin et de professeur.
successivement, avec mention "bien" ou "très bien", les
certificats de mathématiques générales, chimie générale et physique générale avant de devenir docteur en médecine, en juillet 1937,
se voyant attribuer, au passage, la médaille d'or du prix Godard des thèses dans lequel il se classait premier.
A 33 ans, il devenait professeur à la faculté de médecine de Bordeaux. Savant, chercheur, il se souciait plus de diffuser son savoir
que de constituer une clientèle.
Il n'est pas prouvé qu'il ait pu rencontrer le général de Gaulle, lors de sa venue en juin 1940, ainsi qu'il le fut avancé.Ses activités
dans la Résistance allaient couvrir la période de janvier au 18 juillet 1941, date de son suicide. Il fut déclaré officiellement, et
par la suite, agent P2 du réseau "Confrérie Notre-Dame" à compter du 1er janvier 1941.
Les contacts Bergez-Auriac durent se faire en début de l'année 1941. Le docteur Pierre Pascarel, ami et confident d'André Bergez,
n'entendait parler de Jean Auriac que peu avant l'arrestation de ce dernier. Pour Pierre Pascarel, il n'y eut pas de groupe Bergez-
Auriac, pas plus que de groupe Bergez mais, en réalité, une "Alliance de la Jeunesse Française" évoluant selon son recrutement.
Le 19 juillet 1941, Jean Auriac, professeur agrégé de 35 ans, siège dans un jury d'examen à la Faculté de médecine, lorsque les
policiers viennent l'arrêter sur ordre du commissaire Poinsot.
L'interrogatoire du prisonnier voudra être courtois. Jacques Auriac évitera la méthode musclée. Du moins, dans l'instant. Il sait que son nom a été livré, sous la torture, par un jeune membre
du groupe. Poinsot connaît les détails de l'organisation. Il en fait l'inventaire. Etant sur de
sa prise, le commissaire joue avec le professeur.
- Vous êtes fatigué, professeur, vous passerez la nuit à votre domicile...
Cela sous-entend une étroite surveillance.
Après son interrogatoire, nous dit Rémy, Jean Auriac est rentré librement chez lui. Craignant
de ne pouvoir résister à un nouvel interrogatoire, il s'est rendu, en pleine nuit, à l'institut
Bergonié. Ayant fracturé une fenêtre, il est allé à l'armoire aux poisons,(prendre deux capsules
de cyanure) puis il a regagné son domicile et a écrit plusieurs lettres aux siens, plus une adressée
à sa femme de ménage qu'il mettait en garde contre les risques d'explosion, car il allait ouvrir
le robinet à gaz pour être plus sur de mourir. Un billet retrouvé près de son cadavre indiquait; "3 h 30 du matin."
"C'était nécessaire.", écrivait-il.
Auriac mort, tout son petit groupe est arrêté. Est responsable de ce désastre, un agent double:
Genviève Sauvaneix.